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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Seidel, Paul: Antoine Pesne, 3: premier peintre de Frédéric le Grand
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0085

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ANTOINE PESNE.

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tableau de cocuage, qui est une pièce achevée et parfaite suivant le
sentiment des connaisseurs ». Dans cette peinture plus que légère,
Pesne a poussé un peu trop loin ses études de nu ; et son œuvre en
porte aujourd’hui la conséquence, cachée qu’elle est dans un des coins
les plus sombres du dépôt. Dès le 12 juin 1742 les travaux touchent
à leur fin ; et Jordan écrit à ce sujet au roi : « La salle de musique
sera faite samedi prochain : elle représente le Parnasse et les Muses ;
dans une quinzaine de jours, il y en aura encore deux d’achevées.
On ne saurait être plus assidu à son travail que ne l’est Pesne. »

Ces peintures décoratives de Charlottenbourg font voir déjà un
progrès remarquable en comparaison de celles de Rheinsberg,
notamment pour la légèreté de la touche. Nous y rencontrons
aussi des allusions personnelles au roi, qui donnent un supplément
de vie aux éternelles scènes mythologiques. C’est ainsi que, dans le
plafond de l’escalier, Prométhée, dérobant au ciel le feu en faveur
des hommes, rappelle manifestement la figure du jeune Frédéric.

Pesne pouvait se flatter de voir justement apprécier son talent;
mais il eut, à plusieurs reprises, à se plaindre de retards apportés au
payement de sa pension. Divers soucis de famille vinrent encore se
joindre à ces ennuis d’argent : son unique fils ne voulait rien faire
de bon; et son gendre, le capitaine de Rège, avait dû, pour raison de
santé, quitter le service, de sorte que Pesne eut à subvenir à l’exis-
tence de toute sa famille. Une démarche auprès du roi, pour solliciter
son assistance, resta sans résultat : et c’est de cette façon que le
désir vint à l’artiste d’abandonner de nouveau Berlin pour retourner
dans sa patrie. Mais le roi ne l’entendait pas ainsi, et une lettre à
Jordan, du 5 mai 1749, montre à quel point il tenait à son peintre :
« Tâchez de dissuader Pesne de son émigration. C’est un fou qui va
être payé, et qui, après avoir habité trente années à Berlin, n’a pu
encore se corriger de l’inconstance et de la légèreté de sa nation. »
Lorsque l’aile ajoutée au palais de Charlottenbourg fut construite
et entièrement décorée, Frédéric renonça à l’idée d’y établir sa rési-
dence constante, et décida, à l’exemple de ses prédécesseurs, de faire
de Potsdam sa seconde résidence. Knobelsdorff reçut l’ordre de
reconstruire le palais de la ville, et Pesne aussi y trouva l’occasion
de nombreux travaux. Sous la direction de Knobelsdorff, les divers
artistes et ouvriers étaient parvenus à une extrême maîtrise dans
le style rococo, et la partie du palais de la ville, à Postdam, où habi-
tait Frédéric le Grand, représente aujourd’hui le plein triomphe de
ce style. On y trouve des salles (je songe.surtout à la célèbre salle
 
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