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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Seidel, Paul: Antoine Pesne, 3: premier peintre de Frédéric le Grand
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0086

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des bronzes), d’une perfection et d’une harmonie déformés qui seraient
rares même dans la patrie du rococo, la France. Le chef-d’œuvre de
Pesne, dans ce palais, est la peinture du plafond de l’escalier, où il a
figuré le Bonheur et la Paix apportés par Frédéric à son peuple après la
victorieuse conclusion des deux campagnes de Silésie. La Discorde,
avec des serpents dans les cheveux et un brandon à la main, est
précipitée sur le sol ; la Paix apporte la floraison des arts et des
sciences, et de sa corne d’abondance s’échappent des épis, des fleurs
et des fruits. La Renommée sonne de la trompette pour célébrer le
grand Frédéric : Orbi Pacem Felicitatemque Nuntia fero. Parmi les
peintures décoratives de Pesne, celle-là est, à coup sûr, la plus achevée
et la plus grandiose ; et il faut supposer que le peintre aura été
inspiré dans son travail par un sincère enthousiasme pour son royal
ami, qui venait de montrer au monde ce que l’on pouvait attendre de
lui. Il reçut pour cette peinture un payement de mille écus.

Dans les peintures destinées à décorer la chambre du roi se mani-
feste un élément nouveau, qui va devenir de plus en plus fort chez
Pesne, l’influence de Watteau et de Lancret, dont les œuvres conti-
nuaient à orner en grand nombre les appartements de Frédéric.
C’est ainsi que dans la salle de thé de Frédéric, au palais de ville de
Potsdam, se trouvent encore aujourd’hui, enchâssés dans les murs,
deux grands tableaux de Pesne représentant des groupes de person-
nages qui dansent et font de la musique en plein air ; et tous les
deux témoignent, par leur composition et l’arrangement des costumes,
de l’influence immédiate de Watteau. L’artiste a eu comme modèles,
pour ces élégantes et charmantes figures d’hommes et de femmes, les
artistes de l’Opéra de Berlin. Nous retrouvons plusieurs fois (fans
ces peintures l’image de la belle ballerine, Mme Barberina, la favorite
du roi; les châteaux royaux contiennent également plusieurs répli-
ques de son portrait, peint par Pesne. Une autre ballerine de l’Opéra
Royal, Mme Cochois, a été, elle aussi, représentée par Pesne, dans le
salon de musique du roi : un petit tableau, daté de 1745, nous la
montre exécutant un pas gracieux en plein air, devant une nombreuse
assistance *. Mme Cochois s’est essayée dans la peinture et a été l’élève
de Pesne : elle épousa plus tard, malgré la défense du roi, le marquis
d’Argens, chambellan de S. M. le roi de Prusse, et directeur de la
classe des belles-lettres dans l’Académie des sciences de Berlin, connu
principalement par son Examen critique des différentes écoles de peinture.

1. Nous en publierons prochainement une reproduction à l’eau-forte.

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