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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 2
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Wyzewa, Teodor de: Thomas Lawrence et la Société anglaise de son temps, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0133

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THOMAS LAWRENCE.

113

moment. Le modèle était à la mode; le portrait le fut davantage
encore. Le public fit entendre à Lawrence qu’il préférait cette
manière un peu superficielle à la manière plus savante de Reynolds
et de ses successeurs. Lawrence, au fond de son cœur, n’était pas
de l’avis du public : il eût été disposé plutôt à croire avec Reynolds
que le portrait de Miss Farren manquait à quelques-unes des
conditions du grand art. Mais il se jurait de revenir au grand art
bientôt, dès qu’il aurait fini la série des portraits de dames du monde
et d’actrices célèbres qu’il avait en train. Et le malheur voulut que
cette série n’eut pas de fin : après le portrait de Miss Farren,
Lawrence dut en peindre coup sur coup plus de cinq cents, dans la
même manière un peu superficielle, toujours plus conforme aux
goûts du grand public qu’à ce que le vieux Reynolds et lui-même
estimaient comme la véritable beauté artistique. L’infortuné
Lawrence avait mal commencé sa vie en peignant ce portrait de
Miss Farren, dont le succès avait détourné son talent de la seule voie
qui lui paraissait digne de lui L

Et j’imagine que Lawrence avait le sentiment d’avoir fait une
faute du même genre, ou plutôt d’avoir été également trahi par sa
destinée, le jour où, à la suite de la situation nouvelle que lui faisait
le succès de sa Miss Farren, il avait quitté son appartement de
Jermyn Street pour s’installer au 24 d’Old Bond Street. Dans cette
rue, alors la plus fashionable de Londres, il s’était choisi un apparte-
ment somptueux qu’il avait somptueusement aménagé. Il s’était un
peu endetté pour la circonstance ; mais il était persuadé que les
dépenses de son installation lui seraient bientôt largement compensées
par d’abondants profits. Et le fait est qu’elles le furent : du jour où
il établit son atelier dans Old Bond Street, son atelier ne désemplit
pas de modèles élégants et riches. Et Lawrence ies peignait
d’arrache-pied, et ses portraits lui étaient payés à des prix que le
moindre de nos jeunes maîtres considérerait aujourd’hui comme
indignes de lui, mais qui, dans ce temps, faisaient encore géné-
ralement l’effet d’être plus forts que de raison. En 1802, il exigeait
30 guinées pour une tète, 60 pour un mi-corps, 120 pour un portrait
en pied. En 1806, une tête, pour avoir l’honneur d’être reproduite
par lui, devait payer 50 guinées; 200 guinées, si elle voulait être
accompagnée du reste du corps. En 1808, ce fut 80 guinées pour la
tête, 320 pour le grand portrait ; en 1810, la tête monta à 100 guinées,

1. Voir la gravure en couleurs, t. V, page 130.
vi. — 3e PÉRIODE.

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