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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 2
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Wyzewa, Teodor de: Thomas Lawrence et la Société anglaise de son temps, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0134

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ni

le grand portrait à 400. Enfin dans les dernières années de sa vie,
de 1815 à 1830, c’est 200 guinéesque Lawrence demandait aux têtes,
400 aux mi-corps, 500 aux mi-jambes, 700 aux jambes complètes.
Que l’on imagine les sommes que dut gagner, avec de tels tarifs, un
peintre qui, de 1787 à 1830 n’a guère cessé un seul jour de peindre
des portraits!

Lejeune homme avait donc raison de penser que son installation
dans une rue à la mode serait pour lui une source de nombreux
bénéfices. Mais ce qu’il ne prévoyait pas alors, ce qu’il dut constater
avec désespoir à la fin de sa vie, et ce qui frappe à chaque pas dans
l’examen de sa biographie, c’est que les dépenses qu’il dut faire
en 1791 pour s’installer dans Old Bond Street, lui sont malgré tout
restées pour compte jusqu’à la fin de sa carrière, condamnant pour
le reste de ses années le malheureux artiste à une pénurie chronique
et irrémédiable.

Car, s’il y a eu peu de peintres qui aient gagné autant d’argent
que Lawrence, il n’y en a pas qui aient aussi constamment manqué
d’argent, ou qui aient eu autant à souffrir de ce manque d’argent.
Depuis le moment où il vint demeurer dans Bond Street, en 1791,
jusqu’au moment de sa mort en 1830, Lawrence n’a pas cessé de se
débattre parmi les plus cruels embarras financiers. Et le plus singu-
lier est que, tout en aimant l’élégance et le confort, jamais en somme
il n’a fait de dépenses exagérées. Sa manière de vivre n’avait rien
de trop fastueux; il était sobre, rangé, tranquille; personne ne lui a
connu de vices secrets. On a dit qu’il dépensait en achats d’œuvres
d’art tout l’argent qu’il gagnait. Le fait est qu’il s’était constitué une
assez jolie collection, à laquelle il attachait même une importance
un peu excessive. « La galerie de tableaux anciens que je possède,
dit-il dans son testament, est, pour le nombre comme pour la valeur,
sans rivale en Europe. Elle vaut suivant moi 20,000 livres. Je désire
qu’elle soit offerte d’abord à Sa Majesté Georges IV, moyennant
18,000 livres ; si elle ne convenait pas à Sa Majesté, elle serait offerte
au même prix au commissaire du Musée anglais, puis au très
honorable Robert Peel et au très honorable comte Dudley ; si aucun
ne l’accepte, je désire qu’elle soit annoncée dans les principales
capitales de l’Europe, et si deux ans se passent sans qu’il se présente
un acquéreur pour 20,000 livres, je consens à ce qu’elle soit livrée
aux enchères publiques. »

Ni Sa Majesté Georges IV, ni le commissaire du Musée anglais,
ni le très honorable Robert Peel, ni le très honorable comte Dudley

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