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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
parisienne. Elle possède une curieuse chapelle sépulcrale qui fait
comprendre les tentatives malheureuses faites par l’architecture de
la fin du xviii0 siècle, pour approprier à la décoration des édifices
religieux, les dispositions et les ornements tirés des temples et des
basiliques antiques. Tout dans cette chapelle était machiné comme
dans un décor d’opéra, afin de rappeler la mort, et jamais l’effet ne
répondit moins au but que se proposait le compositeur. De chaque
côté règne une ordonnance de colonnes feintes, séparées par des
statues et par des bas-reliefs peints en grisaille. Le vaisseau est
éclairé par un plafond carré, dont les caissons sont ornés de rosaces.
Au-dessus de l’autel est une grande toile peinte par Briard et repré-
sentant les Ames conduites au purgatoire par les anges. Cette machine
est éclairée par une fenêtre invisible pratiquée en arrière d’un renfon-
cement pour augmenter la reculée. La chapelle de Sainte-Marguerite
a été dessinée par l’architecte Louis dont le talent était bien plus à
l’aise, quand il construisait le théâtre de Bordeaux et les galeries du
Palais-Royal. Toute la perspective était due à Brunetti le fils ; elle a
été plusieurs fois restaurée par suite de l’humidité de l’église, et il
n’en reste guère que des traces à demi effacées. Dans une autre
chapelle on conserve une suite de tableaux retraçant des scènes de
la vie de saint Vincent-de-Paul, dus à Baptiste Feret, à Louis
Galloche, à Jean Restout et au frère dominicain Jean André, qui
proviennent de l’ancienne maison de Saint-Lazare. Ces grandes
toiles sont traitées avec un réel souci de l’exactitude historique.
Derrière le maitre-autel on a placé ce qui subsiste du monument de
marbre consacré par le sculpteur Girardon à la mémoire de sa femme,
dans l’église de Saint-Landry, et qui a traversé le Musée des Petits-
Augustins avant d’être attribué à l’église Sainte-Marguerite. Un
bas-relief colossal représente le Christ déposé de la croix, scène
autour de laquelle voltigent des groupes d’anges appliqués sur la
muraille.
L’extrémité de la rue de Charonne conduisait autrefois au château
deBagnolet, charmante résidence appartenant à la famille d’Orléans,
qui fut vendue et morcelée sous Louis XVI. Cette propriété s’éten-
dait à la fois sur le territoire de Bagnolet et sur celui de Charonne.
Il n’en reste qu’un gracieux pavillon entouré d’une grille et formant
un salon à quatre grandes fenêtres soutenues par des pilastres à
chapiteaux ioniques, qui indique l’entrée du château située dans la
rue de Bagnolet. M. J. Doucet possède deux groupes d’enfants en terre
cuite du xvme siècle, qui proviennent de cette résidence.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
parisienne. Elle possède une curieuse chapelle sépulcrale qui fait
comprendre les tentatives malheureuses faites par l’architecture de
la fin du xviii0 siècle, pour approprier à la décoration des édifices
religieux, les dispositions et les ornements tirés des temples et des
basiliques antiques. Tout dans cette chapelle était machiné comme
dans un décor d’opéra, afin de rappeler la mort, et jamais l’effet ne
répondit moins au but que se proposait le compositeur. De chaque
côté règne une ordonnance de colonnes feintes, séparées par des
statues et par des bas-reliefs peints en grisaille. Le vaisseau est
éclairé par un plafond carré, dont les caissons sont ornés de rosaces.
Au-dessus de l’autel est une grande toile peinte par Briard et repré-
sentant les Ames conduites au purgatoire par les anges. Cette machine
est éclairée par une fenêtre invisible pratiquée en arrière d’un renfon-
cement pour augmenter la reculée. La chapelle de Sainte-Marguerite
a été dessinée par l’architecte Louis dont le talent était bien plus à
l’aise, quand il construisait le théâtre de Bordeaux et les galeries du
Palais-Royal. Toute la perspective était due à Brunetti le fils ; elle a
été plusieurs fois restaurée par suite de l’humidité de l’église, et il
n’en reste guère que des traces à demi effacées. Dans une autre
chapelle on conserve une suite de tableaux retraçant des scènes de
la vie de saint Vincent-de-Paul, dus à Baptiste Feret, à Louis
Galloche, à Jean Restout et au frère dominicain Jean André, qui
proviennent de l’ancienne maison de Saint-Lazare. Ces grandes
toiles sont traitées avec un réel souci de l’exactitude historique.
Derrière le maitre-autel on a placé ce qui subsiste du monument de
marbre consacré par le sculpteur Girardon à la mémoire de sa femme,
dans l’église de Saint-Landry, et qui a traversé le Musée des Petits-
Augustins avant d’être attribué à l’église Sainte-Marguerite. Un
bas-relief colossal représente le Christ déposé de la croix, scène
autour de laquelle voltigent des groupes d’anges appliqués sur la
muraille.
L’extrémité de la rue de Charonne conduisait autrefois au château
deBagnolet, charmante résidence appartenant à la famille d’Orléans,
qui fut vendue et morcelée sous Louis XVI. Cette propriété s’éten-
dait à la fois sur le territoire de Bagnolet et sur celui de Charonne.
Il n’en reste qu’un gracieux pavillon entouré d’une grille et formant
un salon à quatre grandes fenêtres soutenues par des pilastres à
chapiteaux ioniques, qui indique l’entrée du château située dans la
rue de Bagnolet. M. J. Doucet possède deux groupes d’enfants en terre
cuite du xvme siècle, qui proviennent de cette résidence.