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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 4
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Fourcaud, Louis de: L' art gothique, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0352

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

plaît au mirage des mots, en même temps qu’elle s’organise, obscu-
rément, pour reconquérir les choses.

De très bonne heure, bien des années avant qu’il soit question
des communes, un fait considérable est survenu : la formation
spontanée et la multiplication des communautés rurales. L’asso-
ciation d’habitants se constitue pour la sécurité de tous, la sauvegarde
des biens et le maintien des coutumes. Tout associé contracte envers
la collectivité certains devoirs généraux : il contribue, notamment,
par une cotisation fixée aux entreprises d’utilité publique, à l’entretien
de l’église, des fontaines, des gués et des chemins, à toute action ou
négociation ouverte au nom de tous et dans l’intérêt commun.
L’évêque est le patron naturel de ces petits groupes dont le prêtre
est le directeur, sinon le chef, et, comme nous dirions aujourd’hui,
l’officier de l’état civil. C’est à l’église qu’on se réunit. Les édits,
ordonnances, avertissements, transactions, documents de l’ordre
administratif ou judiciaire, y sont communiqués le dimanche, au
prône ou à l’issue de la messe, ainsi que les avis religieux. Quoique
la politique n’entre pour rien dans ce concept communal élémentaire,
elle y est introduite par la force des choses. Le roi, par exemple,
reconnaît aux communautés le droit de résister aux oppressions,
de s’assembler « par cry, son de cloche ou aultrement » et d’appeler
à leur aide les habitants des villes voisines — ce qui est leur recon-
naître un droit de personnalité. Bien mieux, il les charge de perce-
voir l’impôt royal, sans intervention de nul seigneur et d’après une
répartition établie par elles-mêmes —. ce qui est leur accorder une
sorte d’affranchissement. Elles sont, finalement, si bien avouées que
plusieurs, au xn° siècle, paraissent en des actes avec leur titre.
A la même époque, nous voyons à maintes reprises les paysans
s’armer et s’unir aux troupes du roi contre les tyrans féodaux.
En 1111, au terrible siège du Puiset, les milices champenoises
donnent vigoureusement. En 1119, après l’indécise bataille de
Brenneville, les gens des campagnes françaises envahissent tout à
coup la Normandie, sous la conduite des évêques, afin de combattre
sur son propre terrain la féodalité normande. Le mouvement
s’accuse avec des tendances définies, comme la gestation d’un
nouvel état de choses. A l’ombre des églises, une forte démocratie a
pris naissance et la monarchie va s’en servir pour battre en brèche
l’audace des grands barons.

Ces dispositions nous expliquent les revendications des Com-
munes. Dès que la nation a été vraiment formée et affermie en elle-

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