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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 1
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Reinach, Salomon: L' origine et les caractères de l'art gallo-romain, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0038

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34

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

où tous les monuments du même genre ont été construits à une
date postérieure. L’attribution aux Romains des portes triomphales
ornées de bas-reliefs ne soutient pas plus la critique que les autres
inventions qu’on leur a prêtées dans le domaine de l’art. Ici encore,
bien que les preuves positives fassent encore défaut, on ne tardera
pas à reconnaître la priorité des artistes alexandrins.

Les bas-reliefs d’Orange et de Saint-Rémy présentent une parti-
cularité curieuse que l’on retrouve également sur quelques monu-
ments de Narbonne : c’est une sorte de sillon tracé autour des
personnages, pour en rehausser l’effet ou les rendre plus apparents
à distance. A Rome, le même procédé a été constaté une seule fois,
dans les figures en haut-relief des Provinces vaincues qui proviennent
de la basilique de Neptune1. Or, dans l’ancien bas-relief égyptien,
nous retrouvons quelque chose d’analogue 2 : tantôt la figure, s’enle-
vant du fond, est cernée d’une sorte de cuvette qui dessine les
contours, tantôt la silhouette est simplement indiquée par un sillon
à angles émoussés, creusé tout autour. Ces deux procédés sont parti-
culièrement employés lorsque le sculpteur s’attaque à des matières
peu résistantes, comme le calcaire. Faut-il donc admettre, dans la
technique des bas-reliefs d’Orange et de Saint-Rémy, une influence de
l’art égyptien? Pour que cela fut prouvé, il faudrait que nous pus-
sions citer des bas-reliefs gréco-égyptiens où le même procédé eût été
mis en pratique d’une manière constante. Ces jalons nous font encore
défaut, mais, en revanche, nous constatons l’emploi de rainures, de
lignes finement tracées qui encadrent des objets, non seulement sur
des vases d’argent comme ceux de Bernay, qui .sont certainement
ptolémaïques, mais sur plusieurs bas-reliefs gréco-alexandrins de la
série étudiée par M. Schreiber. Il est donc permis de croire que les
sculpteurs de Saint-Rémy et d’Orange obéissaient, en creusant les
contours de leurs figures, à une tradition plutôt égyptienne qu’hellé-
nique, d’autant plus que les études de M. Schreiber ont maintes fois
mis en lumière les emprunts faits parles artistes grecs d’Alexandrie
à la technique si perfectionnée des indigènes.

Le style des villas romaines dans le Belgium offre une analogie
frappante avec celui des maisons pompéiennes : c’est le même goût
pour les pavés en mosaïque, parfois ornés de motifs égyptiens, pour

1. lïübner, Jaltrbuch des Instituts, 1888, p. Tl.

2. Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. I, p. 734; Maspero, Archéologie égyp-
tienne, p. 192.
 
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