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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Renan, Ary: La peinture orientaliste
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0057

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

dont l’art est parent de l’art deFromentin, M. Berchère, aima la terre
d’Egypte et y réalisa, avec un pur accent de vérité, autre chose que
des esquisses banales.

L’Arabie est encore, à cette heure, hermétiquement fermée à toute
mission savante et à toute promenade artistique. Nous avons dit que
jusqu’ici la Palestine n’avait suggéré que des manières d’illustrations
des livres saints. Le Caire a, d’un autre côté, fait tort aux villes
syriennes, à Damas, à Tripoli, à Hama, à Antioche; et l’Asie
Mineure n’est connue des touristes que par quelques points voisins
de la côte, par les ports cosmopolites tels que Smyrne, ou par les
dépendances de Constantinople telles que Brousse. Constantinople
même, sauf des exceptions comme Fabius Brest, n’est plu s un terrain
d’observation féconde, depuis que le Bosphore est ouvert aux gens
sans armes. Enfin, la Grèce n’a pas encore trouvé ses peintres; elle
a nourri des générations de savants et d’archéologues; elle n’a pas
eu sa pléiade d’artistes; l’Attique et la Thessalie sont presque vierges,
et le cours de lTlissus n’a tenté aucune curiosité alors que le Tibre et
l’Anio étaient remontés jusqu’à leur source par un long monôme de
paysagistes.

Pour les pays difficiles et dont le climat est malsain, la photo-
graphie est restée le document par excellence. Le monde entier aura
bientôt été photographié; de Norwège ou de Tahiti, de la Mecque
ou de Samarcande, de Tombouctou ou d’Athènes, il existe un
immense répertoire d’images irréfragables... Solem quis dicere falsum
audeat? C’est justement en regardant les photographies de l’Orient
accessible qu’on fait un retour mélancolique sur la mièvrerie de la
petite école contemporaine. Elle ne fait guère que colorer ce qui se
peint sur la rétine, avec une perfection analogue à celle de l’objectif.
Elle ne dépasse pas la vérité subjective.

Ainsi, l’art qui se fonde sur l’exotisme est en raison directe des
préoccupations innées que l’artiste emporte avec lui. La foi et
l’enthousiasme peuvent seuls transfigurer le spectacle de la nature
étrangère, de même qu’une pointe de tendresse est nécessaire à la
peinture de la nature voisine et familière. Or, l’Orient n’est assimi-
lable à nos races ni par son idéal ni par sa philosophie. Les voyages
d’Orient élargissent les idées; ils ne sauraient faire naître chez
personne une idée véritablement nouvelle, car les symboles sont trop
différents.

La peinture orientaliste n’a donc qu’une raison d’être : c’est de
montrer, à leur ' paroxysme, certaines beautés des phénomènes
 
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