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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, [7], Les écoles du nord - Rubens et le XVIIe siècle: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0081

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76

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

violette, de coupe italienne, que traverse une chaîne d’or, il incline
vers nous un front déjà dégarni1. Le maître fut de bonne heure
atteint de calvitie. Mais, si l'on en croit la tradition, cette figure ne
fut introduite dans le tableau qu’en 1628 ou 1629, au cours du
deuxième voyage qu’il fit en Espagne. Pacheco assure même qu’à
cette occasion Rubens retoucha et agrandit sa toile. J’avoue n’avoir
été frappé d’aucune disparate tout en m’inclinant devant une tradi-
tion respectable, fortifiée par l’étude d’un critique de la conscience de
M. Rooses.

S’il nous était possible d’accepter pour vraie cette théorie de
M. Clément de Ris, que Rubens, à vingt et un ans, peignait comme à
soixante, le Prado serait en droit de retrancher à l’illustre peintre
deux œuvres que je revendique pour lui, bien qu’en réalité elles ne
jettent pas un vif éclat sur son nom. Mais, enfin, comme tout le
monde, Rubens a passé par une période d’essais, d’autant plus inté-
ressante à étudier que jusqu’à ce jour elle nous est plus imparfaite-
ment connue.

Je signale donc à l’attention des curieux le Jugement de Paris,
déjà mentionné par les anciens inventaires comme de Rubens et que
le catalogue attribue à Jean Sallaert, un Bruxellois mort en 1648 et
dont la manière se caractérise par la prédominance des tons roux
que, justement, M. Paul Mantz relève dans les œuvres les plus
anciennes que l’on ait de Rubens. Or, de cette époque date le petit
Jugement de Paris, désigné par M. Cruzada Yillaamil comme détruit
ou perdu2. La provenance de cette peinture m’est inconnue. Fort
probablement née en Italie, elle trahit les influences diverses qui, à
cette époque, devaient prédominer chez son auteur. La forme, encore
régie par les canons classiques, vient à l’appui d’une disposition
inspirée en partie de Raphaël, d’un coloris qu’aurait pu revendiquer
Jules Romain, toutes choses faites pour donner facilement le change.
N’empèclie que nous sommes en présence d’un Rubens très authen-
tique, peut-être même du premier en date de tous ceux que l’on
connaisse. Il est même arrivé au maître, dans la suite, de reprendre
presque intégralement sa composition pour l’adapter à sa fameuse
aiguière, dite de Charles Ier, et jmrtiellement au tableau de la Galerie

1. La Gazette a publié (2e période, t. XXVI, p. 278) une eau-forle de M. Danse
d’après un portrait de Rubens ayant probablement servi d'étude pour le personnage
du tableau de Madrid.

2. Rubens diplomatico espanol. Madrid, 1874.
 
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