LA SCULPTURE FLORENTINE.
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dément les plis des étoffes, colorant la statue par de vives oppositions
d’ombres et de lumières. Tous ces caractères se retrouvent préci-
sément dans les statues du Campanile.
L’auteur de ces statues nous est inconnu, et, en l’absence de tout
document historique, il est difficile de proposer une hypothèse-
sérieuse. Yoici toutefois quelques considérations que me paraissent
autoriser la date et le style de ces œuvres.
Au xive siècle, le plus éminent maître florentin que l’on puisse
citer, après André de Pise etOrcagna, est Francesco Talenti, à qui les-
dernières recherches historiques attribuent le principal mérite dans-
la construction du Campanile et dans celle du Dôme. C’est lui qui
succède à André de Pise comme architecte en chef du Campanile et
qui achève la construction, en élevant ces trois étages de fenêtres qui
constituent la partie la plus admirable de ce monument. Francesco
Talenti fut non seulement un des premiers architectes de Florence,
il fut aussi sculpteur; nous en avons une preuve positive dans la
commande qui lui fut faite en 1357 d'une statue de Prophète pour la
façade du Dôme. Francesco Talenti eut un fils, Simone, qui, comme
son père, fut architecte et sculpteur.
Simone di Francesco Talenti, comme architecte, fut, avec Ben-
cixdi Cione, Fauteur de la Loggia dei Lanzi, et comme sculpteur
il fit en 1380 les fenêtres d’Or san Michèle, qui, outre une riche
ornementation, comprennent un certain nombre de statuettes d’un
excellent type. Or, si l’on remarque que ces statuettes ont quelque
analogie avec les statues du Campanile, si l’on remarque en outre
que les Talenti furent les architectes qui, plus que tous autres,
s’intéressèrent aux découvertes de l’art gothique et implantèrent ce
style à Florence, qu’ils furent les plus célèbres architectes et
sculpteurs de la ville au moment où les statues du Campanile ont été
faites, que Francesco Talenti fut le constructeur du monument
qu’elles décorent, on peut se demander si ces statues ne seraient
pas l’œuvre de Francesco Talenti ou de son fils? Mais je n’aurais
garde d’insister, et, après avoir saisi cette occasion de prononcer le
nom d’un maitre dont les œuvres nous sont inconnues, je dois, rela-
tivement aux statues du Campanile, me contenter d’en avoir marqué
le caractère et de les avoir classées à une date voisine de 1380.
Cette nouvelle influence de l’art gothique ne fut pas très profonde
sur l’art italien, et il nous faudra attendre encore un demi-siècle pour
la voir prédominer à Florence avec Donatello. C’est dans une manière
plus gracieuse que va continuer à se développer l’école florentine.
xi. — 3e PÉRIODE. 16
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dément les plis des étoffes, colorant la statue par de vives oppositions
d’ombres et de lumières. Tous ces caractères se retrouvent préci-
sément dans les statues du Campanile.
L’auteur de ces statues nous est inconnu, et, en l’absence de tout
document historique, il est difficile de proposer une hypothèse-
sérieuse. Yoici toutefois quelques considérations que me paraissent
autoriser la date et le style de ces œuvres.
Au xive siècle, le plus éminent maître florentin que l’on puisse
citer, après André de Pise etOrcagna, est Francesco Talenti, à qui les-
dernières recherches historiques attribuent le principal mérite dans-
la construction du Campanile et dans celle du Dôme. C’est lui qui
succède à André de Pise comme architecte en chef du Campanile et
qui achève la construction, en élevant ces trois étages de fenêtres qui
constituent la partie la plus admirable de ce monument. Francesco
Talenti fut non seulement un des premiers architectes de Florence,
il fut aussi sculpteur; nous en avons une preuve positive dans la
commande qui lui fut faite en 1357 d'une statue de Prophète pour la
façade du Dôme. Francesco Talenti eut un fils, Simone, qui, comme
son père, fut architecte et sculpteur.
Simone di Francesco Talenti, comme architecte, fut, avec Ben-
cixdi Cione, Fauteur de la Loggia dei Lanzi, et comme sculpteur
il fit en 1380 les fenêtres d’Or san Michèle, qui, outre une riche
ornementation, comprennent un certain nombre de statuettes d’un
excellent type. Or, si l’on remarque que ces statuettes ont quelque
analogie avec les statues du Campanile, si l’on remarque en outre
que les Talenti furent les architectes qui, plus que tous autres,
s’intéressèrent aux découvertes de l’art gothique et implantèrent ce
style à Florence, qu’ils furent les plus célèbres architectes et
sculpteurs de la ville au moment où les statues du Campanile ont été
faites, que Francesco Talenti fut le constructeur du monument
qu’elles décorent, on peut se demander si ces statues ne seraient
pas l’œuvre de Francesco Talenti ou de son fils? Mais je n’aurais
garde d’insister, et, après avoir saisi cette occasion de prononcer le
nom d’un maitre dont les œuvres nous sont inconnues, je dois, rela-
tivement aux statues du Campanile, me contenter d’en avoir marqué
le caractère et de les avoir classées à une date voisine de 1380.
Cette nouvelle influence de l’art gothique ne fut pas très profonde
sur l’art italien, et il nous faudra attendre encore un demi-siècle pour
la voir prédominer à Florence avec Donatello. C’est dans une manière
plus gracieuse que va continuer à se développer l’école florentine.
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