182 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
peintures à exécuter sur douze, et ne nomme point Signorelli, non plus que
Pinturicchio.
M. Schmarsow a ajouté quelques points importants à la biographie de Michelozzo
En 1462, un incendie ayant délruit ou considérablement endommagé les princi-
paux édifices de Raguse, qui, avec l’aide de Rie 11, relevait ses fortifications pour
repousser Mahomet II, le Grand Conseil de la république dalmatc demanda le
concours de Michelozzo et de Giorgio Orsini Dalmatico. Le palais rectoral, déjà
détruit en 1435, avait été rebâti par Onofrio Giorclano; mais de celte reconstruc-
tion il ne demeure presque rien : le porche avec ses arcs cintrés de goût si antique
appartenant au plus pur style de la Renaissance florentine. Trois chapiteaux des
colonnes qui soutiennent ce porche sont évidemment de l’école de Donatello; l’un
des trois, autour duquel des amours font la ronde en soulevant des guirlandes de
feuillages, a dû être travaillé par Michelozzo lui-même. Au-dessus de la porte
principale, de petits génies très délicats paraissent également son œuvre h De
Raguse, M. Schmarsow nous transporte à Montepulciano, où le célèbre tombeau
de Bartolommco Aragazzi, aujourd’hui conservé en fragments dans le Dôme, a été
attribué partie à Donatello, partie à Michelozzo. Il semble que l’œuvre entière
puisse être revendiquée au nom de Michelozzo; et c’est par une étude attentive de
ses détails que M. Schmarsow est conduit à attribuer également à Michelozzo les
belles figures à mi-corps, la Vierge entre saint Jean-Baptiste et saint Augustin,
qui ornent, ci Montepulciano, le portail de l’église de Sant’Agostino ; figures déli-
cates et majestueuses à la fois, qui nous permettent de classer Michelozzo parmi
les grands sculpteurs du xve siècle, entre Jacopo délia Quercia et Donatello d’une
part, Luca délia Robbia d’autre part.
M. Paolo Fontana nous entretient des études d'architecture classique de Bru-
nelleschi, et M. Gnoli revient sur la question de la collaboration de Signorelli au
décor de la chapelle Sixtine. Paolo Corlese, dans son ouvrage De Cardinalatu,
imprimé en 1510 et écrit dans les trois années précédentes, parle des pieuses
images que Jules II fit peindre à Signorelli dans la chapelle vaticane. D’après ce
témoignage, il faudrait donc placer la date des fresques de Signorelli entre 1503
et 1510; mais M. Gnoli a-t-il raison de parler des fresques de Signorelli? Vasari
lui en attribue deux, c’est bien vrai; mais Vasari n'est pas un témoin scrupuleux;
et la critique d’art doit en pareille matière parler plus haut que la critique de
textes. Je n’hésite pas à accepter comme définitive l’opinion exprimée par M. llode
dans la dernière édition du Cïcerone de Burckhardt, attribuant à Pinturicchio la
belle fresque du Voyage de Mo'ise, et celle du Baptême du Christ. Pinturicchio n’est
pas mentionné dans le contrat de 1481; il n’en est pas moins un des décorateurs
incontestables de la Sixtine.
Que citer, parmi les récents livres d’art italiens? D’abord et nécessairement :
le tome V de l'Histoire de la peinture en Italie, par MM. Cavalcaselle et Crowe 1 2.
1. Il serait injuste, parlant de Raguse, de ne pas rendre hommage au travail du
professeur Gelcich (Dello sviluppo civile di Ragusa, -1884), qui a réuni d’importants
documents sur l’histoire artistique de cette ville.
2. Storia délia pittura in Italia, per G. 13. Cavalcaselle e J. A. Crowe, vol. V, Firenze,
Le Monnier, 3892.
peintures à exécuter sur douze, et ne nomme point Signorelli, non plus que
Pinturicchio.
M. Schmarsow a ajouté quelques points importants à la biographie de Michelozzo
En 1462, un incendie ayant délruit ou considérablement endommagé les princi-
paux édifices de Raguse, qui, avec l’aide de Rie 11, relevait ses fortifications pour
repousser Mahomet II, le Grand Conseil de la république dalmatc demanda le
concours de Michelozzo et de Giorgio Orsini Dalmatico. Le palais rectoral, déjà
détruit en 1435, avait été rebâti par Onofrio Giorclano; mais de celte reconstruc-
tion il ne demeure presque rien : le porche avec ses arcs cintrés de goût si antique
appartenant au plus pur style de la Renaissance florentine. Trois chapiteaux des
colonnes qui soutiennent ce porche sont évidemment de l’école de Donatello; l’un
des trois, autour duquel des amours font la ronde en soulevant des guirlandes de
feuillages, a dû être travaillé par Michelozzo lui-même. Au-dessus de la porte
principale, de petits génies très délicats paraissent également son œuvre h De
Raguse, M. Schmarsow nous transporte à Montepulciano, où le célèbre tombeau
de Bartolommco Aragazzi, aujourd’hui conservé en fragments dans le Dôme, a été
attribué partie à Donatello, partie à Michelozzo. Il semble que l’œuvre entière
puisse être revendiquée au nom de Michelozzo; et c’est par une étude attentive de
ses détails que M. Schmarsow est conduit à attribuer également à Michelozzo les
belles figures à mi-corps, la Vierge entre saint Jean-Baptiste et saint Augustin,
qui ornent, ci Montepulciano, le portail de l’église de Sant’Agostino ; figures déli-
cates et majestueuses à la fois, qui nous permettent de classer Michelozzo parmi
les grands sculpteurs du xve siècle, entre Jacopo délia Quercia et Donatello d’une
part, Luca délia Robbia d’autre part.
M. Paolo Fontana nous entretient des études d'architecture classique de Bru-
nelleschi, et M. Gnoli revient sur la question de la collaboration de Signorelli au
décor de la chapelle Sixtine. Paolo Corlese, dans son ouvrage De Cardinalatu,
imprimé en 1510 et écrit dans les trois années précédentes, parle des pieuses
images que Jules II fit peindre à Signorelli dans la chapelle vaticane. D’après ce
témoignage, il faudrait donc placer la date des fresques de Signorelli entre 1503
et 1510; mais M. Gnoli a-t-il raison de parler des fresques de Signorelli? Vasari
lui en attribue deux, c’est bien vrai; mais Vasari n'est pas un témoin scrupuleux;
et la critique d’art doit en pareille matière parler plus haut que la critique de
textes. Je n’hésite pas à accepter comme définitive l’opinion exprimée par M. llode
dans la dernière édition du Cïcerone de Burckhardt, attribuant à Pinturicchio la
belle fresque du Voyage de Mo'ise, et celle du Baptême du Christ. Pinturicchio n’est
pas mentionné dans le contrat de 1481; il n’en est pas moins un des décorateurs
incontestables de la Sixtine.
Que citer, parmi les récents livres d’art italiens? D’abord et nécessairement :
le tome V de l'Histoire de la peinture en Italie, par MM. Cavalcaselle et Crowe 1 2.
1. Il serait injuste, parlant de Raguse, de ne pas rendre hommage au travail du
professeur Gelcich (Dello sviluppo civile di Ragusa, -1884), qui a réuni d’importants
documents sur l’histoire artistique de cette ville.
2. Storia délia pittura in Italia, per G. 13. Cavalcaselle e J. A. Crowe, vol. V, Firenze,
Le Monnier, 3892.