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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 1
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Lechat, Henri: Les origines et le développement du Temple grec, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0084

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68

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

pareille, tout l’édifice continue théoriquement la forme pyramidale,
déjà indiquée dès la sorlie du sol par le soubassement à degrés, et
sur cette base si fermement posée prend une assiette plus solide
encore. Les colonnes d’angle, mangées par la lumière, à laquelle
elles présentent une plus grande surface que leurs voisines, ont
besoin d’être un peu « engraissées », et elles ont, en effet, un peu
plus d’épaisseur, en même temps que leur inclinaison vers l'inté-
rieur est plus marquée. Le galbe (entasis), qui arque en dehors le fût
de la colonne, a beau s'être atténué, à mesure que le support perdait
sa lourdeur trapue des premiers âges, il ne saurait manquer com-
plètement, sans que le fût risquât de paraître un peu maigre et
comme étranglé vers le milieu. Enfin, par une habile précaution du
même genre, des courbes très fines, très légères, soûl substituées
parfois aux lignes horizontales dans Eentablement et le stylobate,
afin de rectifier certaines impressions fausses de la vue, susceptibles
de nuire à l’aspect de l’édifice.

Or, les calculs délicats qu’entraînaient ces multiples combinai-
sons n’avaient pas été établis une fois pour toutes, et ils n’ont jamais
abouti, tant que l’art grec a gardé quelque sève, à des formules
fixes, mécaniquement appliquées. C’était le secret de chaque archi-
tecte, qui les recommençait toujours selon son goût personnel, en
considération de l'effet qu'il désirait obtenir; et c’est par là qu'il
refaisait toujours nouveau un temple toujours le même. Tous les
éléments essentiels du monument, de la base au faite, lui étaient
fournis d’avance, éternellement pareils : il n’avait sur eux qu’un
droit de retouche, — de retouches légères, quant à leurs proportions
à chacun et à leurs rapports entre eux tous. En somme, il lui
restait à trouver pour son assemblage de pierres cette eurythmie, qui
répand dans la construction entière comme une âme secrète, et lui
donne, malgré la diversité de ses membres, la mystérieuse unité de
l’être vivant. La beauté expressive qui naît de Y eurythmie a mille
degrés, mille nuances d’une infinie délicatesse. Une fois au moins,
dans le Parthénon, le génie d'Ictinos et de Callicratès, secondé peut-
être par le génie de Phidias, aidé peut-être, auraient dit les Grecs,
par Pinspiration divine d’Athéna, nous semble avoir porté cette har-
monieuse beauté jusqu’à la perfection souveraine.

HEjNRI LECHAT

[La suite prochainement.)
 
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