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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 3
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Clément-Janin: Gutenberg et l'imprimiere en France au XVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0277

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GUTENBERG ET L’IMPRIMERIE EN FRANGE

AU XVe SIÈCLE

e cinq centième anniversaire de la naissance de Gutenberg,
qui a été célébré en grande pompe à Mayence et à Strasbourg,
a donné lieu en France à deux intéressantes manifestations
typographiques. Les préoccupations causées par l'Exposition
Universelle ont empêché, sans doute, ces manifestations
d’être plus nombreuses, et l’on peut regretter qu’un témoi-
gnage collectif de gratitude des éditeurs parisiens ne soit
pas venu sanctionner, à travers les siècles, celui qu’avait
rendu à l’illustre inventeur de l’imprimerie le premier imprimeur français,
Guillaume Fichet, qui, dans une lettre du 1er janvier d47i à Robert Gaguir,
écrivait : « Un tel homme (Gutenberg) mériterait d’être porté aux nues par les
poètes, par les artistes et par la voix de tous les amis des livres, lui qui a rendu
un si grand service aux lettres et aux hommes d’étude. On a bien divinisé
Bacchus ét Cérès pour avoir appris aux hommes l’usage du vin et du pain ;
mais l’invention de Gutenberg est d’un ordre supérieur et plus divin (longe gra-
tiora divinaque), car il a gravé des caractères à l’aide desquels tout ce qui se dit
et se pense peut être écrit, transmis et conservé à la mémoire de la postérité. »
A la vérité, non seulement les imprimeurs, mais l’humanité tout entière, doit
à Gutenberg la divinisation dont parle le prieur de la Sorbonne. Sa machine est
le point de départ de l’industrie moderne et de l’idée moderne. Son invention a
relié, par dessus le moyen âge, le monde occidental aux traditions gréco-
romaines ; elle clôt, autant que celle de la poudre, le système féodal. On ne
supprimera plus dorénavant la pensée en brûlant le manuscrit, et la libération de
l’esprit commence.

Le gouvernement français s’était fait représenter aux fêtes de Mayence, et l’on
peut considérer l'in-folio publié par l’Imprimerie Nationale, A la Mémoire de
Gutenberg, comme une commémoration officielle. Il ne reste plus, du côté des
particuliers, que le Gutenberg de M. Édouard Pelletan,à qui revient, en outre, la
priorité de l’idée. Comment les grandes imprimeries, le Cercle de la Librairie, la
Société des Gens de Lettres, les revues spéciales, ont-ils pu se désintéresser à ce
point de ce qui aurait dû être pour eux article de foi ?
 
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