Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 26.1901)

LES SALONS ANGLAIS EN 1901

M. Bénédite a défini ici-même les caractéristiques essentielles de la peinture
anglaise contemporaine, et il a su voir très justement « qu’avec ses lacunes et ses
travers, ses insuffisances ou sa manière, comme avec ses qualités propres d’ima-
gination, de chaleur, d’exaltation et de coloris, l'art anglais offre cet avantage
particulier sur les arts des autres nations, qu’il est empreint d’une forte couleur
locale. » Encore que nous retrouvions aux Salons anglais de 1901 cette même
couleur locale, nous n’y apprendons rien de plus sur la peinture anglaise con-
sidérée au point de vue général. Ce n’est qu’individuellement que quelques artistes
pourront être représentés ici d’une manière plus complète et plus heureuse qu’ils
ne l’étaient à l'Exposition Universelle, tels Watts, Sargent, Shannon, tels les
paysagistes East, Davis, Mac Whirter, tels enfin certains peintres de la nouvelle
génération, Byam Shaw ou W. de Glelin.

Toutefois, la Royal Academy de cette année ne saurait compter comme une
exposition brillante et elle est inférieure aux Salons précédents. Deux sujets
ont, en effet, absorbé presque exclusivement le peuple anglais : la guerre et la
mort de la reine Victoria ; les artistes eux aussi n’ont pas échappé à cette
préoccupation générale, et beaucoup d'entre eux nous apparaissent plus soucieux
de l’actualité que de l’art. Ainsi, M. Wyllie nous montre Le Passage de la Grande
Reine-, M. John Charlton, une composition analogue dans un milieu différent;
M. Stanhope Forbes, une toile intitulée Le 22 Janvier. Parmi les peintres de la
guerre, nous avons M. Wollen (La Cavalerie légère à Wagon liill) ; Miss Kemp
Welsh (La Course de lord Dundonald sur Ladysmith) ; M. Bacon (Le Retour) ;
M. Beadle (Arrivée d’une batterie), et d’autres encore. M. Byam Shaw lui-même
délaisse ses sujets imaginatifs pour une petite toile qui pourrait être appelée