DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Marcel, Henry: Quelques lettres inédites de J.-F. Millet
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0085
QUELQUES LETTRES INEDITES DE J.-F. MILLET
Une obligeante communication de Mme Théodore Duhamel, tilie
de feu Alfred Sensier, m’a fait temporairement détenteur de la
correspondance considérable échangée avec son père et avec Théo-
dore Rousseau par Jean-François Millet. Elle ne compte pas moins
de cinq cents lettres, qui s’échelonnent de 1848 aux derniers jours
du grand artiste. La plupart d’entre elles roulent, à la vérité, sur
d’humbles détails d’installation, de ménage, de température. Millet
s’y révèle, en dépit de sa robuste apparence, comme un véritable
valétudinaire, tenaillé, torturé par de perpétuelles migraines. Les
plaintes sur sa santé y reviennent comme un obsédant refrain,
alternant avec des renseignements sur l’état du jardin ou de la mai-
son de Sensier, retenu à Paris par ses fonctions bureaucratiques,
sur les menus incidents du village de Barbizon, et de trop laconiques
détails sur ses projets de tableaux, sur le degré d’avancement de
ceux qu’il a entrepris. Le manque d’argent s’y fait également sentir
à toutes les lignes ; l’abondante famille de l’artiste lui impose, tant
en nourriture qu’en vêtements et en soins médicaux, de lourdes
dépenses; ses œuvres, sa seule ressource, se vendent pour un mor-
ceau de pain, puis un peu mieux, et ce n’est que tout au déclin de
Une obligeante communication de Mme Théodore Duhamel, tilie
de feu Alfred Sensier, m’a fait temporairement détenteur de la
correspondance considérable échangée avec son père et avec Théo-
dore Rousseau par Jean-François Millet. Elle ne compte pas moins
de cinq cents lettres, qui s’échelonnent de 1848 aux derniers jours
du grand artiste. La plupart d’entre elles roulent, à la vérité, sur
d’humbles détails d’installation, de ménage, de température. Millet
s’y révèle, en dépit de sa robuste apparence, comme un véritable
valétudinaire, tenaillé, torturé par de perpétuelles migraines. Les
plaintes sur sa santé y reviennent comme un obsédant refrain,
alternant avec des renseignements sur l’état du jardin ou de la mai-
son de Sensier, retenu à Paris par ses fonctions bureaucratiques,
sur les menus incidents du village de Barbizon, et de trop laconiques
détails sur ses projets de tableaux, sur le degré d’avancement de
ceux qu’il a entrepris. Le manque d’argent s’y fait également sentir
à toutes les lignes ; l’abondante famille de l’artiste lui impose, tant
en nourriture qu’en vêtements et en soins médicaux, de lourdes
dépenses; ses œuvres, sa seule ressource, se vendent pour un mor-
ceau de pain, puis un peu mieux, et ce n’est que tout au déclin de