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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 2
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Benoît, Camille: La peinture française à la fin du XVe siècle (1480 - 1501), [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0118

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

que tous deux à Londres (l’un à la National Gallery, l'Épisode de
la biche blessée, provenant de la collection de lord Northbrook ;
l’autre, chez un amateur, la Messe de saint Gilles). Cette dernière
scène se passe dans le chœur de Saint-Denis, au maître-autel, près
du monument du roi Dagobert ; la précision de tous les détails est
telle, que l’œuvre n’a pu être exécutée que sur place. De même,
dans la grande Crucifixion du Palais de Justice, où figurent deux
rois de France, Charlemagne et saint Louis, l’exacte reproduction
de la Seine, avec ses quais et leurs monuments, indique une naissance
parisienne, malgré l’allure néerlandaise de tel ou tel personnage du
second plan ; et ce certificat d’origine est confirmé d’une façon frap-
pante par le style tout particulier des personnages royaux, le saint
Louis surtout1. Quel malheur que cette page, de premier ordre et de
toute importance, reste, plus que jamais, soustraite à l'admiration,
à l’étude des connaisseurs, reléguée dans un lieu, sous une lumière
et à des hauteurs qui en rendent impossible l’abord, la vue, et même
la reproduction !... Car il n’en existe pas — que le lecteur en juge —
de bonne photographie, et il serait plus que difficile d’en faire une
quelconque dans les conditions actuelles! L’occasion favorable de
l’Exposition de 1900 n'a pu avoir raison d’incompréhensibles « fins
de non recevoir ». Ce serait une histoire édifiante à écrire que celle
de cette conspiration obstinée, invraisemblable, d’inintelligences et
d'indifférences, pour ne pas dire ce concert de mauvais vouloirs,
contre lesquels rien n’a pu prévaloir jusqu’ici. Il est inimaginable
qu’on doive se heurter à de telles et si longues résistances, à des
refus d’esprit si borné, quand il s’agit d’élucider tant de points de
première importance dans l’histoire difficile, et si obscure encore,
de l’art national de ce pays2.

fort inférieur, du reste, à celui des précédentes, mais de date plus avancée : c’est
une suite de quatre panneaux, La Légende de saint Sébastien, appartenant à la
maison Agnew de Londres.

1. C’est aussi le cas d’un panneau du Louvre — une Déposition de la pre-
mière moitié du xve siècle (n° 998 du catalogue sommaire), provenant de Saint-
Denis — dont le fond représente l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, la Seine,
le Louvre avec ses grosses tours, et la butte Montmartre.

2. C’est à dessein, pour des raisons chronologiques ou autres, que j’ai omis,
dans cette énumération, quelques pièces du Louvre : la petite Vierge cintrée —
encore un feuillet de diptyque — (n° 100iA, acquise en 1892),laisse voir un manque
d’aisance et des influences flamandes antérieures à l’époque de notre étude, et
qui la font contemporaine de Fouquet ; la Dame aux pensées, cette effigie d’une
recherche d’arrangement et de ton si curieuse et raffinée (n° 1000), rentre plutôt
dans le domaine de la miniature et du bibelot.
 
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