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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 2
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Bouchot, Henri: Notes de critique iconographique, [1]: le prétendu graveur italien Gasparo Reverdino
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0121

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LE PRÉTENDU GRAVEUR ITALIEN GASPARO REVERDINO 103

dissimulent l'indigence des faits et des arguments sûrs. De proche
en proche, les opinions risquées se transmettent, et lorsqu’elles
se sont installées rien au monde n’est plus malaisé à reprendre.
Quelquefois même il est impossible de remonter à l’origine d’une
attestation erronée. Bartsch a, pour sa part, propagé quantité de
menus faits, empruntés par lui à ce qu’il nomme les « auteurs
modernes », et qui, à l’abri de son autorité et de sa science, sont
devenus pour les écrivains d’art paroles d’Evangile. Que sont les
auteurs modernes dont parle Adam Bartsch ? Né en 1737, mort en
1821, ayant composé son Peintre-Graveur aux environs de 1800,
Bartsch ne peut entendre par là qu’Orlandi, Gori, Mariette et
Zani. De ces auteurs spéciaux, Orlandi avait publié, en 1717, son
Abecedario ; Gori, en 1771, ses Notizie istoriche degl' intagliatori ;
Mariette n’avait rien laissé d’imprimé, et Zani était un contemporain
immédiat de Bartsch. Or, si l’on prend peine de vérifier les affirma-
tions d’Orlandi et de Gori, on s’aperçoit vite que tous deux se
contentent assez légèrement, même en ce qui concerne les Italiens
dont ils pouvaient plus facilemenl connaître l’histoire. Orlandi, par
exemple, et, après lui, Gori, sur une apparente ressemblance de
manière, sur l’examen rapide et inattentif de soi-disant confor-
mités, font d’un artiste graveur du xvie siècle, signant ses planches
Ge Reverdinus, un Gasparo Reverdinus, « probablement padouan »,
dont le talent médiocre se pouvait classer entre Jules Bonasone et
Augustin Vénitien. Allant plus loin, Orlandi croyait apercevoir,
dans un délié ornemental du monogramme employé par l’artiste, un
o final, et de Reverdinus faisait Reverdino. Rien d’autre, car de ce
Reverdino nul auteur ancien ne parla jamais.

L’opinion exprimée par Orlandi, puis par Gori en trois lignes,
devint vite classique. Mariette lui-même, qui a de la perspicacité,
ne la contredit pas. Ni les uns ni les autres ne démêlent que cette
signature Ge. Reverdinus ne peut raisonnablement figurer une
abréviation de Gasparo pour le prénom. Cette anomalie, ce non-sens,
qui tantôt gênera certains hommes réfléchis, n’arrête guère Adam
Bartsch; elle n’avait point non plus surpris F abbé Zani. L’un et
l’autre répètent religieusement les légèretés d’Orlandi et de Gori.
Nul ne s’avise de vérifier les monogrammes ni les signatures pour
y voir le Reverdino et y constater la possibilité du Gasparo. Car enfin,
le plus souvent, l’artiste signe Ge Re., jamais Ro. Donc, avec Bartsch,
l’erreur se consacre ; Reverdinus ou Reverdino est de Padoue1; son
1. Il est impossible de démêler d’où provient cette affirmation.
 
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