LES SALONS ANGLAIS EN 1901
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de ton. Il y a, dans cette œuvre, des nus qui sont des morceaux de premier
ordre.
La rénovation de la peinture à fresque, tentée cette année par un grand
nombre d’artistes, prête au Salon de la New Gallery une apparence inattendue
et nouvelle et qui n’est pas en principe pour nous déplaire, surtout lorsqu’on
constate la grande habileté des peintres anglais dans le genre. M. Southall nous
révèle de précieuses qualités de dessin et de composition et une richesse incom-
parable de matière dans une allégorie un peu obscure ; miss Kate Bunce s’inspire
non sans agrément de Rossetti, dans son Keepsake ; l’œuvre de M. Arthur J.
Gaskyn a l’éclat précieux des vieux vélins où reluisent les ors; quoique son
juvénile cavalier s’intitule Iiilhwych, fils du Roi, je serais tenté de reconnaître en
lui un proche parent de ces pages que Benozzo Gozzoli fait chevaucher sur les
murs du palais Riccardi ; miss Evelyn de Morgan ne s’écarte guère du type de
femme cher à Burne-Jones, et M. John D. Batten a les yeux et l’esprit tout pleins
des Primitifs. Mrs Marianne Stokes (Mère et Enfant), M. Bernard Sleigh (Danaé),
M. William Padget, M. Walter Crâne [La Fontaine de Jouvence), M. Henry Ryland
(Rêves), ne sortent pas de l’allégorie et de l’histoire ; seul M. Graham Petrie a
voulu voir autre chose et il nous montre d’intéressantes vues de Hollande et de
Venise, exécutées, elles aussi, à la fresque. Tout en s’assimilant ce beau procédé
de la peinture a tempera, les peintres que nous venons de nommer auraient pu,
semble-t-il, chercher des sujets nouveaux, regarder en face la vérité et la vie et
ne pas se localiser uniquement dans le style du « quinzième» italien. La tenta-
tive mériterait alors plus d’éloges, et ce serait une renaissance que nous salue-
rions avec joie, au lieu d’une reconstitution souvent très habile, mais qui ne porte
pas l’empreinte d’une époque ni de sa conception de la beauté.
HENRI F R A N T Z
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de ton. Il y a, dans cette œuvre, des nus qui sont des morceaux de premier
ordre.
La rénovation de la peinture à fresque, tentée cette année par un grand
nombre d’artistes, prête au Salon de la New Gallery une apparence inattendue
et nouvelle et qui n’est pas en principe pour nous déplaire, surtout lorsqu’on
constate la grande habileté des peintres anglais dans le genre. M. Southall nous
révèle de précieuses qualités de dessin et de composition et une richesse incom-
parable de matière dans une allégorie un peu obscure ; miss Kate Bunce s’inspire
non sans agrément de Rossetti, dans son Keepsake ; l’œuvre de M. Arthur J.
Gaskyn a l’éclat précieux des vieux vélins où reluisent les ors; quoique son
juvénile cavalier s’intitule Iiilhwych, fils du Roi, je serais tenté de reconnaître en
lui un proche parent de ces pages que Benozzo Gozzoli fait chevaucher sur les
murs du palais Riccardi ; miss Evelyn de Morgan ne s’écarte guère du type de
femme cher à Burne-Jones, et M. John D. Batten a les yeux et l’esprit tout pleins
des Primitifs. Mrs Marianne Stokes (Mère et Enfant), M. Bernard Sleigh (Danaé),
M. William Padget, M. Walter Crâne [La Fontaine de Jouvence), M. Henry Ryland
(Rêves), ne sortent pas de l’allégorie et de l’histoire ; seul M. Graham Petrie a
voulu voir autre chose et il nous montre d’intéressantes vues de Hollande et de
Venise, exécutées, elles aussi, à la fresque. Tout en s’assimilant ce beau procédé
de la peinture a tempera, les peintres que nous venons de nommer auraient pu,
semble-t-il, chercher des sujets nouveaux, regarder en face la vérité et la vie et
ne pas se localiser uniquement dans le style du « quinzième» italien. La tenta-
tive mériterait alors plus d’éloges, et ce serait une renaissance que nous salue-
rions avec joie, au lieu d’une reconstitution souvent très habile, mais qui ne porte
pas l’empreinte d’une époque ni de sa conception de la beauté.
HENRI F R A N T Z