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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 3
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Müntz, Eugène: Le "Triomphe de la mort" à l'hospice de Palerme
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0260

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224

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

composition parla célèbre fresque de Pise, mais véritablement sep-
tentrional par sa conception naturaliste, par le détail, le costume
et le paysage (vers 1450)... Le Triomphe de la Mort est évidemment
l’œuvre d’un Flamand1. »

Commençons par rappeler que la donnée du Triomphe de la
Mort de Palerme se rapproche de la fresque du Campo Santo de
Pise, attribuée à Orcagna : tandis que la jeunesse se livre à toutes
sortes de jeux ou aux plaisirs de la chasse, la Mort passe à travers
ses rangs et frappe au hasard les victimes. Ni rang, ni âge, ne trou-
vent grâce devant elle : sur le sol, un pape, à
la triple tiare, gît à côté d’autres dignitaires.

Ce motif jouissait d’une telle popularité,
qu’un autre artiste du xve siècle, Matteo de’
Pasti, s’en inspira de son côté, vers 1441, dans
ses fameux Triomphes de Pétrarque, peints sur
un meuble circulaire, à la galerie des Offices.

Mais il y a mieux qu'une simple rencontre
dans la conception de la scène. A Palerme
comme à Pise. les estropiés, les mendiants, les
veuves, implorent en vain la déesse : elle les
laisse debout, tandis qu’elle renverse les puis-
sants du monde, les jeunes, les heureux.
A Pise, on voit cinq estropiés, de profil ou de
trois quarts, tendant leurs bras ou moignons,
puis un paralytique assis sur le sol, un
aveugle debout et un cul-de-jatte. A Palerme,
le peintre a modifié le groupe, tout en conser-
vant l'idée première. Il nous montre un
aveugle, un paralytique marchant sur des béquilles, un cul-de-jatte.

Voilà donc déjà un premier argument contre l’attribution du
Triomphe de la Mort à un artiste venu des Flandres.

Bien autrement caractéristiques sont les points de contact avec
les maîtres italiens du xve siècle et, parmi eux, en première ligne,
Vittore Pisancllo, le spirituel et incisif peintre-médailleur véronais.

Prenons, dans la peinture de Palerme, les costumes des person-
nages de droite : le jeune homme vu de dos procède doublement de
Pisanello ; d’abord par son immense sombrero, qui rappelle celui du
Saint Georges de la National Gallery2; puis par son manteau, qui a

ETUDE DE COSTUME
DESSIN DE PISANELLO
(Ancienne collection Malcolm.)

{. Ber Cicerone, p. 738. Cf. p. 734.

2. Y. reproduction dans la Gazette des Beaux-Arts, 3epér., t. XI, p. 203.
 
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