DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Maeterlinck, Louis: Roger van der Weyden, [1]: sculpteur
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0314
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
touchantes, pleines de vie et de sentiment, qu’il sut emprunter aux
imagiers de sa ville natale.
Dans une étude récente1, j’ai montré les différences de race qui
existaient entre les deux grands artistes qui personnifièrent le mieux
les deux « grands courants d’art » qui, dès l’aube du xv° siècle,
contribuèrent à fonder la gloire artistique du pays flamand.
D’un côté, van Eyck, d’origine
thioise, né à Maescyck, sur la
frontière du pays rhénan, influencé
par les artistes de Cologne, fort
en avance sur ceux des Pays-Bas
et empruntant à leur art, malgré
sa couleur et son réalisme tout
flamand, le caractère un peu figé
et hiératique de leurs person-
nages2 ; — de l’autre, Roger de la
Pasture, né dans la partie wallonne
de la Belgique, parlant le français
depuis son enfance et montrant
dans son art émouvant le souve-
nir et les traditions françaises de
l’époque gothique qui, jusqu’au
xuic siècle, étendit son influence
sur toute l’Europe civilisée3.
1. Petite Revue illustrée de l'art et de
l’archéologie en Flandre, n° du 28 février
1900.
l’ange de l’annonciation 2. On sait que les peintres de Cologne
(Église Sain te-Marie-Madeleine, ' produisirent, depuis le xive siècle, des
à Tournai.) œuvres remarquables pour leur époque.
Les chroniques du Limbourg vantent,
dès 1380, un peintre de cette ville, maître Wilhem, « le meilleur des terres alle-
mandes » (« den besten in allen Deuschen Landen, der malet einen jeglichen
Menschen von aller Gestalt, als batte er gelebt»). Les archives de la ville de
Cologne citent aussi, entre 1338 et 1380, un peintre de talent, Wilhelmus de
Ilerle, près d’Aix-la-Chapelle. Ces peintures, présentant une réelle recherche du
beau et une technique très raffinée pour l’époque, ne purent être ignorées des
frères van Eyck lors de leur séjour à Liège.
J’ai pu voir depuis que M. James Weale, dans ses dernières études sur L'Art
primitif dans les Pays-Bas, considère également l’influence des artistes de Cologne
sur les frères van Eyck comme probable.
3. Chose curieuse, malgré l’habileté incontestable de ses artistes et de ses
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
touchantes, pleines de vie et de sentiment, qu’il sut emprunter aux
imagiers de sa ville natale.
Dans une étude récente1, j’ai montré les différences de race qui
existaient entre les deux grands artistes qui personnifièrent le mieux
les deux « grands courants d’art » qui, dès l’aube du xv° siècle,
contribuèrent à fonder la gloire artistique du pays flamand.
D’un côté, van Eyck, d’origine
thioise, né à Maescyck, sur la
frontière du pays rhénan, influencé
par les artistes de Cologne, fort
en avance sur ceux des Pays-Bas
et empruntant à leur art, malgré
sa couleur et son réalisme tout
flamand, le caractère un peu figé
et hiératique de leurs person-
nages2 ; — de l’autre, Roger de la
Pasture, né dans la partie wallonne
de la Belgique, parlant le français
depuis son enfance et montrant
dans son art émouvant le souve-
nir et les traditions françaises de
l’époque gothique qui, jusqu’au
xuic siècle, étendit son influence
sur toute l’Europe civilisée3.
1. Petite Revue illustrée de l'art et de
l’archéologie en Flandre, n° du 28 février
1900.
l’ange de l’annonciation 2. On sait que les peintres de Cologne
(Église Sain te-Marie-Madeleine, ' produisirent, depuis le xive siècle, des
à Tournai.) œuvres remarquables pour leur époque.
Les chroniques du Limbourg vantent,
dès 1380, un peintre de cette ville, maître Wilhem, « le meilleur des terres alle-
mandes » (« den besten in allen Deuschen Landen, der malet einen jeglichen
Menschen von aller Gestalt, als batte er gelebt»). Les archives de la ville de
Cologne citent aussi, entre 1338 et 1380, un peintre de talent, Wilhelmus de
Ilerle, près d’Aix-la-Chapelle. Ces peintures, présentant une réelle recherche du
beau et une technique très raffinée pour l’époque, ne purent être ignorées des
frères van Eyck lors de leur séjour à Liège.
J’ai pu voir depuis que M. James Weale, dans ses dernières études sur L'Art
primitif dans les Pays-Bas, considère également l’influence des artistes de Cologne
sur les frères van Eyck comme probable.
3. Chose curieuse, malgré l’habileté incontestable de ses artistes et de ses