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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
mère. C’est cette dernière composition qui est reproduite ici.
On est frappé de l’expression ineffable de la Vierge, dont la tristesse
se dissipe doucement à la vue inespérée de son divin Fils.
Elle nous montre, exécutée par un maître, une de ces expres-
sions si recherchées par les sculpteurs tournaisiens de cette époque.
Outre l’aspect plus ou moins sculptural du groupe principal, on
remarquera que chacun des sujets du triptyque est encadré dans un
portique orné de divers motifs de sculpture, où l’on reconnaît, à
première vue, des types architecturaux et statuaires en usage à
Tournai. A droite et à gauche est disposée dans une gorge mou-
lurée, sur une colonne gothique terminée par un chapiteau lleu-
ronné, une statue de saint aux draperies caractéristiques. Au-dessus
d’elle se trouve un dais de même style, terminé par un pinacle
lleuronné. La décoration du plein cintre est formée par une suc-
cession (trois de chaque côté) de petits groupes sculptés, posés
sur des supports et surmontés de dais de la même forme que les
supports.
Or, tous ces divers modèles ou fragments architecturaux se
retrouvent sans exception à Tournai, comme l’on peut s’en convaincre
par l'inspection des reproductions données dans mon mémoire
déjà cité, ainsi que par les illustrations de l’ouvrage de M. L. Clo-
quet, L’Art à Tournai, où nous voyons des gravures nombreuses
représentant divers has-reliefs votifs de la cathédrale et des
églises Saint-Jacques, Saint-Nicolas et Sainte-Marie-Madeleine de
Tournai.
La Descente de croix que Roger peignit peu après (en 1440)
pour la confrérie du Grand-Serment, à Louvain, et qui se trouve
actuellement à l’Lscurial, présente, plus encore que l’œuvre précé-
dente, un aspect sculptural révélant d’une façon frappante son
éducation première d’imagier.
On remarquera que le fond de la composition, comme dans la
plupart des bas-reliefs, est réduit au minimum (ici il est simplement
doré). Toutes les figures, suivant l’usage en sculpture, se font pen-
dant et s’équilibrent, en une symétrie presque choquante. Elles sem-
blent épouser la forme générale du retable, dans lequel elles paraissent
comprimées. A droite la Madeleine, et à gauche saint Jean,, en se
courbant vers le centre, forment de chaque côté la partie la plus
basse du groupe. Puis viennent les deux figures debout, à la même
hauteur, d’une sainte femme et de Jean d’Arimathie, presque
pareilles. Les lignes générales du Christ mort se retrouvent plus
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mère. C’est cette dernière composition qui est reproduite ici.
On est frappé de l’expression ineffable de la Vierge, dont la tristesse
se dissipe doucement à la vue inespérée de son divin Fils.
Elle nous montre, exécutée par un maître, une de ces expres-
sions si recherchées par les sculpteurs tournaisiens de cette époque.
Outre l’aspect plus ou moins sculptural du groupe principal, on
remarquera que chacun des sujets du triptyque est encadré dans un
portique orné de divers motifs de sculpture, où l’on reconnaît, à
première vue, des types architecturaux et statuaires en usage à
Tournai. A droite et à gauche est disposée dans une gorge mou-
lurée, sur une colonne gothique terminée par un chapiteau lleu-
ronné, une statue de saint aux draperies caractéristiques. Au-dessus
d’elle se trouve un dais de même style, terminé par un pinacle
lleuronné. La décoration du plein cintre est formée par une suc-
cession (trois de chaque côté) de petits groupes sculptés, posés
sur des supports et surmontés de dais de la même forme que les
supports.
Or, tous ces divers modèles ou fragments architecturaux se
retrouvent sans exception à Tournai, comme l’on peut s’en convaincre
par l'inspection des reproductions données dans mon mémoire
déjà cité, ainsi que par les illustrations de l’ouvrage de M. L. Clo-
quet, L’Art à Tournai, où nous voyons des gravures nombreuses
représentant divers has-reliefs votifs de la cathédrale et des
églises Saint-Jacques, Saint-Nicolas et Sainte-Marie-Madeleine de
Tournai.
La Descente de croix que Roger peignit peu après (en 1440)
pour la confrérie du Grand-Serment, à Louvain, et qui se trouve
actuellement à l’Lscurial, présente, plus encore que l’œuvre précé-
dente, un aspect sculptural révélant d’une façon frappante son
éducation première d’imagier.
On remarquera que le fond de la composition, comme dans la
plupart des bas-reliefs, est réduit au minimum (ici il est simplement
doré). Toutes les figures, suivant l’usage en sculpture, se font pen-
dant et s’équilibrent, en une symétrie presque choquante. Elles sem-
blent épouser la forme générale du retable, dans lequel elles paraissent
comprimées. A droite la Madeleine, et à gauche saint Jean,, en se
courbant vers le centre, forment de chaque côté la partie la plus
basse du groupe. Puis viennent les deux figures debout, à la même
hauteur, d’une sainte femme et de Jean d’Arimathie, presque
pareilles. Les lignes générales du Christ mort se retrouvent plus