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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 4
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Humières, Robert d': L' Islam monumental dans l'Inde du nord, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0352

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306

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de défi plus magnanime, ses bastions rouges aux cimiers de colon -
nettes et de dômes blancs.

Des deux palais proprement dits d’Agra et de Delhi, le premier,
selon la remarque si juste de Fergusson, montre un goût plus
châtié, mais le second, conçu d’ensemble, eût présenté un document
aussi complet sur Shah Jehan que Futtehpore-Sikri sur Akhar. Il
n’en reste, du second surtout, que des fragments épars. Faut-il
aborder le chapitre des dévastations anglaises? On y hésite; les
meilleures dispositions d’impartialité tournent en amertume; l’inex-
piable crie des ruines et du sol. D’un ensemble de monuments qui
couvrait deux fois la superficie de l’Escurial (le palais occupait dans
le fort un parallélogramme d’un kilomètre de long sur cinq cent
mètres de large), il ne subsiste que des débris. C’est un Anglais,
Fergusson, qui a prononcé le plus éloquent réquisitoire contre le
vandalisme des destructeurs, exercé au hasard, sans excuse straté-
gique (Fergusson, auteur de travaux sur la défense des places, parle
à bon escient) et sans qu’un seul plan ait été conservé. On a beau
s'efforcer à se souvenir qu’il s’agissait de militaires ivres des souf-
frances de Finsurrection et d’un triomphe douteux, que ces choses
se perpétraient aux jours les plus déshérités de cette « Ere Victo-
rienne » où la laideur et le mauvais goût régnaient du haut de tous
les trônes; on a beau se rappeler que tous les conquérants se valent,
et que le Rêve, en somme, n’a pas encore trouvé d’idiome où nommer
l’Action : « ma sœur » ; malgré tout, je crois qu’il était réservé à
l’Angleterre de couronner par un forfait suprême la série des atten-
tats à la beauté. L’Anglais cependant garde en matière de goût cet
admirable sens de la discipline qui a fait la grandeur de sa race :
certains monuments, désormais classés, sont voués à l’admiration
bourgeoise (les artistes la leur ont fait payer parfois, et sans doute
à tort) ; tels le Tâj ou le Diwan-i-Khas de Delhi: L’Anglais sait du
reste la concilier, cette discipline intelligente, avec une certaine
impudeur esthétique, dont les exemples se pressent sous ma plume.
N’v eut-il pas une nuance de coquetterie à envoyer, comme vice-roi
aux Indes, un descendant de ce lord Elgin pour lequel la Grèce
antique eut élargi le pilori d’Erostrate?

D’autre part, une étude successive et détaillée des deux rési-
dences de Shah Jehan risquerait d’être fastidieuse. Nous en parlerons
donc simultanément, en nous réservant d’isoler certains vestiges
plus éloquents ou plus significatifs.

Il faut s’empresser de dire que la description, de même que la
 
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