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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Nr. 4
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Benoît, Camille: La peinture française à la fin du XVe siècle (1480 - 1501), [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0373

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LA. PEINTURE FRANÇAISE A LA FIN DU XVe SIÈCLE 327

ce prénom. Or, Anne avait toujours essayé de le gagner à ses vues;
en 1483, après la mort du roi son père, elle lui avait donné en pâture
la fonction de connétable qu'il convoitait ; bien plus, il se trouve
que sa mort, et par suite la transmission du titre de duc de Bourbon
au sire de Beaujeu, monseigneur Pierre, eut lieu précisément en
cette année 1488 d’où le tableau est daté. Y eut-il, dans cette pré-
sence du saint Jean aux côtés de la nouvelle duchesse, un hommage
rendu au vieillard défunt, l’exécution d’une promesse faite au lit de
mort, ou, simplement, l’accomplissement d’un vœu tacite se rap-
portant à un désir secret, partagé par les deux époux?

J’avais été conduit à une autre supposition, mais qui pourrait,
jusqu’à un certain point, s’accorder avec la précédente : c’est que
la chapelle du magnifique château, d’une architecture si définie,
qu’on aperçoit dans le fond avec une pièce d’eau où passe une
barque au pied de la grosse tour, avait été édifiée sous le vocable
de saint Jean l’Evangéliste. J’avais dirigé mes recherches dans ce
but, espérant arriver par là, peut-être, à retrouver le nom du châ-
teau, une des résidences favorites du duc et de la duchesse à cetle
époque, héritée peut-être du duc Jean avec son titre (et dans ce cas
la qualité du possesseur antérieur expliquerait, de sa part d’abord,
de la part de la duchesse ensuite, le choix du « vocable » du patro-
nage). Mais ceci n’est point sans soulever diverses objections.
D’autre part, la configuration de l’édifice ne m’a pas apporté de
clartés nouvelles sur la question, qui reste pendante, bien qu’elle
soit à peu près circonscrite entre les résidences de Cleppé (sur la rive
gauche de la Loire, en face de Feurs), de Bourhon-l’Archamhault,
auquel j’avais pensé d’abord, de Chantelle en Allier1 (sur les confins
de l’Auvergne), qui fut le séjour préféré de la duchesse à la fin de
sa vie, et peut-être encore de Bourbon-Lancy. Le doute est permis
sur ce point, et nous devons en rester là pour l’instant, les archives
consultées n’ayant rien livré encore à ce sujet.

Il nous reste à étudier une nouvelle peinture, une troisième,
qu’on peut avec raison attribuer à la même main, crï même temps
que la personne représentée se rapporte certainement à la même
famille des ducs de Bourbon.

1. Le département de la sculpture française du moyen âge, au Louvre,
possède trois belles statues provenant de Chantelle et commandées par le duc
et la duchesse de Bourbon, dont elles représentent les patrons, ainsi que celui
de leur fille : saint Pierre, sainte Anne, avec la Vierge cette fois, et sainte
Suzanne. Nous y reviendrons à propos du maître de Moulins.
 
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