Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Benoît, Camille: La peinture française à la fin du XVe siècle (1480 - 1501), [2]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0374

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
328

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Il y a onze ans passés, en février 1890, eut lieu à Paris la vente
da la collection du prince Pierre de Bourbon et Bourbon, duc de
Durcal. Cette collection comprenait une partie de la galerie de don
Sébastien Gabriel de Bourbon, Bragance et Bourbon, infant d’Espagne
et de Portugal, père du prince Pierre; et le catalogue parisien,
édité par les soins de MM. Haro frères, reproduisait, pour cette
partie provenant de la galerie royale, les anciens numéros et les
anciennes attributions. C’est ainsi qu’au n° 23 du catalogue Ilaro
figurait un soi-disant portrait de Jeanne la Folle sous le nom de
Holbein, avec la désignation, à la fois intéressante et sage en l’espèce :
« Attribution de l’ancien catalogue, n° 1339. » En effet, ni le nom
de Holbein, ni celui de Jeanne la Folle, ne pouvaient soutenir
un instant l’examen des connaisseurs. Parmi eux, notre collègue
M. Paul Durrieu fut le premier frappé par la ressemblance de la
personne représentée avec la jeune Suzanne de Bourbon du tripty-
que de Moulins, lequel, depuis trois mois, venait de quitter le Tro-
cadéro (1889) pour retourner à sa cathédrale. Il était clair, aussi,
que le portrait appartenait à l’école française de la fin du xve siècle.
M. Paul Durrieu ne manqua pas d’attirer sur ce point l’attention
du musée du Louvre. Ce fut à un riche amateur d’origine espagnole,
mais fixé à Paris, qu’échut alors cette petite peinture : peut-être
avait-il connu, par relations ou personnellement, les possesseurs
des tableaux, ou qu’ayant simplement visité soit la galerie soit la
collection, il avait désiré en conserver un souvenir. Toujours est-il
qu’il possède encore le portrait reproduit ici : grâce à sa bien-
veillance, à sa complaisance éprouvée, nous avons pu l’examiner de
près, nous pouvons l’étudier à loisir, lui restituer sa vraie place et
son entière valeur. C’est pour nous le plus agréable des devoirs d’en
remercier un galant homme et un esprit éclairé.

Vous voyez, debout mais à mi-corps, une petite fille de six à
huit ans, la figure un peu ingrate, l’air plutôt triste et chagrin,
laissant deviner un fond maussade. De ses mignonnes mains rap-
prochées, elle égrène un chapelet, tournée de trois quarts vers la
droite. Ceci, joint à la considération que le panneau, comme le
montre un instant d’examen, était primitivement cintré du haut,
nous indique le feuillet gauche d’un diptyque ou petit oratoire por-
tatif, d’une « chapelle », comme on disait encore au xvne siècle. Le
feuillet droit représentait un sujet pieux, une ou plusieurs saintes
figures, à qui l’enfant fait ses dévotions. C’était probablement une
Vierge avec son nourrisson divin; et j’ai cru un moment avoir
 
Annotationen