Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Logan, Mary: Compagno di Pesellino et quelques peintures de l'École, [2]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0390

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
340

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

le fit, semble-t-il, Waagen lorsqu’il attribua le tableau à Alessio
Baldovinetti, ils avaient observé que l’œuvre, loin de refléter les
tendances de Fra Filippo et de son école, appartient essentiellement
à la branche opposée de l’art florentin, à l’école naturaliste.

Ils ont cependant raison jusqu’à un certain point: la compo-
sition est de Fra Filippo ; mais le paysage, les bergers et les troupeaux
rappellent nettement la manière de Pesellino ; d’autre part, les deux
anges sont la reproduction, à peine modifiée, des deux Anges dont
l’un appartient à lady Ilenry Somerset1 2 et l’autre à lady Brownlow -
ct dont, selon toute vraisemblance, l’auteur est notre vieil ami,
Compagno di Pesellino. Ils portent d’ailleurs son empreinte visible :
les cheveux laineux, les oreilles, les mains et le procédé de draperie
qui lui sont chers. Ce sont des produits de l’école de Pesellino,
qui n'ont pas la beauté artistique des œuvres du maître3. Ces deux
anges sont seulement des fragments, qui passent pour avoir appar-
tenu à un retable jadis placé à San Miniato et détruit par un incendie ;
aussi est-il plus que probable qu’ils tirent partie de quelque compo-
sition analogue à celle que possède le Louvre. Il est donc permis de
penser que la composition fut l’œuvre de Pesellino lui-même, que ce
dernier en emprunta naturellement les lignes essentielles à son
maître Fra Filippo, et que les deux versions de ce tableau furent
exécutés, l'une par l’auxiliaire de Pesellino, l’autre par quelque
peintre formé dans une école différente.

Ceci nous donne la clef du problème que soulève la contra-
diction évidente, dans la Nativilé du Louvre, entre une composition
ressortissant à une tradition déterminée et une exécution portant la
marque de tendances nettement opposées. Comme auteurs présumés
de ce tableau, on a mis en avant les noms de Zanobi di Migliori et
de Picr di Lorenzo Pratese, les deux associés de Pesellino dont il
est question dans le document relatif à la Trinité ; mais, comme tous
deux étaient plus âgés que Pesellino, il est peu vraisemblable qu’ils
aient jugé bon de copier la composition de leur confrère. Il serait
piquant, mais non surprenant, de voir quelque amateur peu éclairé,

1. The Priory, Reigate (Surrey).

2. Ashridge (Kent). Les deux toiles sont communément attribuées à Masaccio.

3. Dans l'Ange dont nous donnons ici la reproduction en cul-de-lampe, on
remarque que la draperie répond à celle de la Trinité de la National Gallery,
que les mains sont pareilles à celles qu’on observe dans le tableau de lord
Methuen (comparer de même la main gauche de la Madone du Louvre, n° 1661) ;
enfin la chevelure est identique à celle du saint Jean dans le retable du Louvre.
 
Annotationen