DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Tourneux, Maurice: Le palais de Versailles et ses historiens, [1]
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
fois un livre d’histoire et une incomparable ccole d’art décoratif.
Témoin d’un passé tour à tour glorieux et lamentable, que le musée
d’enseignement qu’il renferme aujourd’hui a précisément pour but
de faire connaître, le vieux palais a vu, parfois, depuis le 5 octobre
1789, se dérouler d’autres événements non moins graves pour les
destinées de la France nouvelle, et, d’un jour à l’autre, en vertu de
la Constitution de 1875, les Chambres peuvent y être convoquées
afin d’y procéder à une nouvelle transmission du pouvoir suprême
conféré au président de la République.
Toutefois, ce que des milliers de visiteurs viennent, chaque
année, demander an palais et au parc de Versailles, c’est, avant
tout, l'évocation de l’homme qui leur imprima le caractère d’ordre,
de symétrie et de grandeur dont il incarnait le principe, à ce point
que le palais, commencé par Louis XIII, profondément modifié sous
Louis XV, retouché en certaines parties par Napoléon et par Louis-
Philippe, demeure quand même le palais de Louis XIV, et cette
partialité instinctive de la foule est pleinement justifiée, lorsqu’on se
remémore par quelles phases ont passé les diverses parties d’un
ensemble tel qu’il n’en existe nulle part ailleurs.
Avant les premières années du xvnc siècle, Versailles n’a pas
d’histoire, et ce n’est pas d’ailleurs ici le lieu de rappeler les brèves
mentions que ses annalistes sont parvenus à grouper sur le val de
Gallie et sur les autres vestiges d’un passé singulièrement obscur.
Les noms de Loménie et de Gondi, mêlés à ses origines, n’auraient
pas, tout illustres qu’ils soient, suffi à classer hors de pair celle
bourgade semblable à tant d’autres localités de l’Ile-de-France, si,
vers 1621, Louis XIII ne s’y fût parfois arrêté, après la poursuile
d'un cerf ou d’un sanglier, relancé depuis Rambouillet ou Saint-
Germain. Plus épris de chasse que de bâtisse, le jeune roi se lassa
cependant de coucher tout botté sur la paille, dans la hutte d’un
charbonnier, et il ordonna la construction d’un pavillon destiné à
remplacer le moulin à vent où il lui arrivait parfois aussi de cam-
per; mais, si le fait n’est pas douteux, les historiens ne se sont mis
d’accord ni sur les proportions de ce pavillon, ni sur le nom de l’ar-
chitecte chargé de l’édifier.
Dès 1627, dans une harangue à l’assemblée des Notables,
les premières transformations du château et des jardins, par Pierre de Nolhac,
conservateur du Musée national de Versailles. Ouvrage illustré de cent dix docu^
ments contemporains, estampes, dessins et plans manuscrits du service des Bâti-
ments du Roi. Versailles, L. Bernard, 190t. In-folio, 250 p.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
fois un livre d’histoire et une incomparable ccole d’art décoratif.
Témoin d’un passé tour à tour glorieux et lamentable, que le musée
d’enseignement qu’il renferme aujourd’hui a précisément pour but
de faire connaître, le vieux palais a vu, parfois, depuis le 5 octobre
1789, se dérouler d’autres événements non moins graves pour les
destinées de la France nouvelle, et, d’un jour à l’autre, en vertu de
la Constitution de 1875, les Chambres peuvent y être convoquées
afin d’y procéder à une nouvelle transmission du pouvoir suprême
conféré au président de la République.
Toutefois, ce que des milliers de visiteurs viennent, chaque
année, demander an palais et au parc de Versailles, c’est, avant
tout, l'évocation de l’homme qui leur imprima le caractère d’ordre,
de symétrie et de grandeur dont il incarnait le principe, à ce point
que le palais, commencé par Louis XIII, profondément modifié sous
Louis XV, retouché en certaines parties par Napoléon et par Louis-
Philippe, demeure quand même le palais de Louis XIV, et cette
partialité instinctive de la foule est pleinement justifiée, lorsqu’on se
remémore par quelles phases ont passé les diverses parties d’un
ensemble tel qu’il n’en existe nulle part ailleurs.
Avant les premières années du xvnc siècle, Versailles n’a pas
d’histoire, et ce n’est pas d’ailleurs ici le lieu de rappeler les brèves
mentions que ses annalistes sont parvenus à grouper sur le val de
Gallie et sur les autres vestiges d’un passé singulièrement obscur.
Les noms de Loménie et de Gondi, mêlés à ses origines, n’auraient
pas, tout illustres qu’ils soient, suffi à classer hors de pair celle
bourgade semblable à tant d’autres localités de l’Ile-de-France, si,
vers 1621, Louis XIII ne s’y fût parfois arrêté, après la poursuile
d'un cerf ou d’un sanglier, relancé depuis Rambouillet ou Saint-
Germain. Plus épris de chasse que de bâtisse, le jeune roi se lassa
cependant de coucher tout botté sur la paille, dans la hutte d’un
charbonnier, et il ordonna la construction d’un pavillon destiné à
remplacer le moulin à vent où il lui arrivait parfois aussi de cam-
per; mais, si le fait n’est pas douteux, les historiens ne se sont mis
d’accord ni sur les proportions de ce pavillon, ni sur le nom de l’ar-
chitecte chargé de l’édifier.
Dès 1627, dans une harangue à l’assemblée des Notables,
les premières transformations du château et des jardins, par Pierre de Nolhac,
conservateur du Musée national de Versailles. Ouvrage illustré de cent dix docu^
ments contemporains, estampes, dessins et plans manuscrits du service des Bâti-
ments du Roi. Versailles, L. Bernard, 190t. In-folio, 250 p.