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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
la pierre qui se délitte chaque jour plusieurs passants ont gravé
leur nom.
Il est impossible d’attribuer une date exacte à ce tombeau et
de savoir quel personnage y est figuré. Il ne porte aucune inscrip-
tion. Au sicclc dernier, on ignorait déjà, semble-t-il, son histoire,
car Palliot, dans ses Mémoires généalogiques, se contente de donner
ccttc indication vague : « Ce monument est dans le chapitre de
l’abbaye de La Bussière, à main gauche dans la muraille, et est élevé
de environ trois pieds hors de terre, et est représenté dessus un
homme couché, ayant des cheveux, les mains jointes, et une tunique
qui lui vat jusqu’aux pieds1. » Tout ce qu’on peut supposer, c’est
qu’il est celui d’un sire de Montagu, et, d’après le costume, la coif-
fure, la chaussure et les détails archéologiques de la construction
du sarcophage, il se place certainement dans les dernières années
du xme siècle ou les premières années du xive.
A l’autre extrémité de la croisée, c’est-à-dire contre le mur
intérieur du transept sud, est appuyé un tombeau analogue, mais
que les années ont fort éprouvé2. IJ se compose d’un socle et d’un
gisant taillés dans une seule pierre. Le socle a 2m30 de longueur
sur 0ni88 de largeur et 0m27 de hauteur; il est décoré sur le grand
côté de vingt-deux petites arcatures trilobées reposant sur des colon-
nettes et séparées par des dessins variés, roses, aigles, croix. Le
personnage est une femme, et l’on reconnaît encore le coussin
orné d’un galon sur lequel elle appuyait sa tête, tandis qu’elle
reposait, les pieds sur un chien, les mains jointes sur la poitrine.
Le visage et les mains ont disparu, et la tête du chien a été coupée,
ce qui donne au monument une triste apparence ; mais le corps est
très bien drapé. Une longue robe l enveloppe, serrée à la taille par
une ceinture et retombant sur les pieds en plis abondants; la partie
supérieure du vêtement, lâche et flottante, est retenue aux deux
épaules par une bride qui traverse la poitrine. Des manches courtes
et larges sortent les bras revêtus de la cotte.
Il n’y a pas d’inscription, mais les détails frustes de la sculp-
ture du sarcophage et le costume ne permettent pas de douter qu’il
11e s’agisse d’une œuvre du xme siècle : les documents autorisent à
préciser encore davantage.
Le dessin de ce tombeau, aujourd’hui mutilé, en bon état il y
1. Mémoires généalogiques de Pierre Palliot, l. J, p. 1033.
2. Il y a vingt-cinq ans, il était dans le jardin, tout près du grand réfectoire,
exposé à toutes les injures de l’air et de la pluie (Bigame, p. 113).
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la pierre qui se délitte chaque jour plusieurs passants ont gravé
leur nom.
Il est impossible d’attribuer une date exacte à ce tombeau et
de savoir quel personnage y est figuré. Il ne porte aucune inscrip-
tion. Au sicclc dernier, on ignorait déjà, semble-t-il, son histoire,
car Palliot, dans ses Mémoires généalogiques, se contente de donner
ccttc indication vague : « Ce monument est dans le chapitre de
l’abbaye de La Bussière, à main gauche dans la muraille, et est élevé
de environ trois pieds hors de terre, et est représenté dessus un
homme couché, ayant des cheveux, les mains jointes, et une tunique
qui lui vat jusqu’aux pieds1. » Tout ce qu’on peut supposer, c’est
qu’il est celui d’un sire de Montagu, et, d’après le costume, la coif-
fure, la chaussure et les détails archéologiques de la construction
du sarcophage, il se place certainement dans les dernières années
du xme siècle ou les premières années du xive.
A l’autre extrémité de la croisée, c’est-à-dire contre le mur
intérieur du transept sud, est appuyé un tombeau analogue, mais
que les années ont fort éprouvé2. IJ se compose d’un socle et d’un
gisant taillés dans une seule pierre. Le socle a 2m30 de longueur
sur 0ni88 de largeur et 0m27 de hauteur; il est décoré sur le grand
côté de vingt-deux petites arcatures trilobées reposant sur des colon-
nettes et séparées par des dessins variés, roses, aigles, croix. Le
personnage est une femme, et l’on reconnaît encore le coussin
orné d’un galon sur lequel elle appuyait sa tête, tandis qu’elle
reposait, les pieds sur un chien, les mains jointes sur la poitrine.
Le visage et les mains ont disparu, et la tête du chien a été coupée,
ce qui donne au monument une triste apparence ; mais le corps est
très bien drapé. Une longue robe l enveloppe, serrée à la taille par
une ceinture et retombant sur les pieds en plis abondants; la partie
supérieure du vêtement, lâche et flottante, est retenue aux deux
épaules par une bride qui traverse la poitrine. Des manches courtes
et larges sortent les bras revêtus de la cotte.
Il n’y a pas d’inscription, mais les détails frustes de la sculp-
ture du sarcophage et le costume ne permettent pas de douter qu’il
11e s’agisse d’une œuvre du xme siècle : les documents autorisent à
préciser encore davantage.
Le dessin de ce tombeau, aujourd’hui mutilé, en bon état il y
1. Mémoires généalogiques de Pierre Palliot, l. J, p. 1033.
2. Il y a vingt-cinq ans, il était dans le jardin, tout près du grand réfectoire,
exposé à toutes les injures de l’air et de la pluie (Bigame, p. 113).