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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
connaît des suisses, » Critès parle de Houdon, de Debuconrt, de
Vincent, salue avec respect la Tempête de Vernet, admire avec
quelle vérité Mme Lebrun a rendu les traits de M. de Calonne et
vante sa Bacchante, celle-là même si agréablement gravée en cou-
leurs par le comle de Paroy : « Je baisai d’intention son sein, sa belle
bouche et ses genoux d’albâtre, qu’il faut bien trouver trop gros
puisque tout le monde le veut, mais j’aime les gros genoux, moi ! «
Il arrive enfin à Mmes Guiard et Vallayer-Coster. « Il y avait deux
belles dames dont je n'avais pas encore dit un mot; ce n’était pas
fort galant, mais je compte sur leur indulgence, puisqu’elles savent
comment et comme cela m’avait été impossible. D’ailleurs, quoique
mon éducation ait été fort négligée, puisque je ne sais pas danser, que
j’abhorre le fgarotisme et que je n’ai guère plus d’esprit qu’un
commis, je suis assuré cependant qu’elles ne présument pas assez
mal de mon goût pour croire que je préférerais les contorsions d’une
hideuse Alcmène... à la conversation de deux femmes aimables qui
sont jolies, qui peignent comme Minerve, et peut-être comme leur
sœur Euphrosine (Mme Vigée-Lebrun), et qui accompagnent sur le
luth les hymnes qu’elles chantent à l’Amour.
» Enfin, belles dames, soyez assurées que vous m’avez souvent
distrait agréablement pendant mes promenades, et ne me faites pas
l’injure d’imaginer que je n’aie
D'une œillade à ta dérobée
Convoité parfois vos attraits;
Qui plus est, mesdames, j’avais
Déjà regretté Carie en voyant Amédée.
De Coigny, de l'Amour, j'avois vu les portraits;
Par mes mains de Vernet la tête couronnée
D'Antoinette elle-même a reçu les honneurs;
J'avais baisé celui dont les crayons flatteurs
Sont conduits par l’Amour et peignent Dionée.
A ton père, Guiard, j’avois jeté des fleurs.
Sensible aux justes douleurs
D’une reine abandonnée
Pour le fugitif Énée,
Avec Saint-Huberti j’avois versé des pleurs.
J’avois à ses transports connu les traits d’Orphée.
Enfin Aréthuse en pleurs
M’avoit en gémissant conduit au chien d’AlphéeL 1
1. Des notes explicatives du critique éclairent ce qui pourrait y avoir d’obscur
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
connaît des suisses, » Critès parle de Houdon, de Debuconrt, de
Vincent, salue avec respect la Tempête de Vernet, admire avec
quelle vérité Mme Lebrun a rendu les traits de M. de Calonne et
vante sa Bacchante, celle-là même si agréablement gravée en cou-
leurs par le comle de Paroy : « Je baisai d’intention son sein, sa belle
bouche et ses genoux d’albâtre, qu’il faut bien trouver trop gros
puisque tout le monde le veut, mais j’aime les gros genoux, moi ! «
Il arrive enfin à Mmes Guiard et Vallayer-Coster. « Il y avait deux
belles dames dont je n'avais pas encore dit un mot; ce n’était pas
fort galant, mais je compte sur leur indulgence, puisqu’elles savent
comment et comme cela m’avait été impossible. D’ailleurs, quoique
mon éducation ait été fort négligée, puisque je ne sais pas danser, que
j’abhorre le fgarotisme et que je n’ai guère plus d’esprit qu’un
commis, je suis assuré cependant qu’elles ne présument pas assez
mal de mon goût pour croire que je préférerais les contorsions d’une
hideuse Alcmène... à la conversation de deux femmes aimables qui
sont jolies, qui peignent comme Minerve, et peut-être comme leur
sœur Euphrosine (Mme Vigée-Lebrun), et qui accompagnent sur le
luth les hymnes qu’elles chantent à l’Amour.
» Enfin, belles dames, soyez assurées que vous m’avez souvent
distrait agréablement pendant mes promenades, et ne me faites pas
l’injure d’imaginer que je n’aie
D'une œillade à ta dérobée
Convoité parfois vos attraits;
Qui plus est, mesdames, j’avais
Déjà regretté Carie en voyant Amédée.
De Coigny, de l'Amour, j'avois vu les portraits;
Par mes mains de Vernet la tête couronnée
D'Antoinette elle-même a reçu les honneurs;
J'avais baisé celui dont les crayons flatteurs
Sont conduits par l’Amour et peignent Dionée.
A ton père, Guiard, j’avois jeté des fleurs.
Sensible aux justes douleurs
D’une reine abandonnée
Pour le fugitif Énée,
Avec Saint-Huberti j’avois versé des pleurs.
J’avois à ses transports connu les traits d’Orphée.
Enfin Aréthuse en pleurs
M’avoit en gémissant conduit au chien d’AlphéeL 1
1. Des notes explicatives du critique éclairent ce qui pourrait y avoir d’obscur