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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Michel, André: Les accroissements du département des sculptures (Moyen Age, Renaissance et temps modernes) au Musée du Louvre, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0028

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18

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

chapitre de la cathédrale d’Angers faisait fondre sans regrets les
statues funéraires ‘de ses évêques, comme les chanoines et l’arche-
vêque de Paris sacrifiaient sans remords le jubé et les vitraux de
leur cathédrale, avant que les révolutionnaires vinssent s’acharner
contre ces « vestiges gothiques de la féodalité et de la supersti-
tion ». De notre temps encore, tout près de nous, que de combats
Louis Gourajod n’a-t-il pas dû livrer, ici même, dans cette vieille
Gazette qui lui fut toujours hospitalière et amicale, pour faire
admettre au musée du Trocadéro les moulages du xive siècle!
Geoffroy-Dechaume, qui aimait et connaissait si bien le xme, n’allait
pas au delà. Que savons-nous des ateliers provinciaux du xvc? Est-il
encore temps de dresser, par régions, un corpus méthodique, de
recueillir tous les survivants du grand carnage qui auraient quelque
chose à nous apprendre, de les grouper et de les comparer pour
faire surgir de ces confrontations quelques parcelles de vérité, quel-
ques étincelles de vie?

Dans la mesure, hélas ! très restreinte, du possible, le musée du
Louvre s’efforce de recueillir tout ce qu’il trouve à sa portée de signi-
ficatif; si insuffisante que soit encore la moisson, un visiteur attentif
peut, en parcourant nos salles, entrevoir çà et là ce qui se passa,
dans notre sculpture nationale, pendant les cent trente et quelques
années qui s’écoulèrent entre le Charles V des Célestins et le Saint
Georges de Michel Colombe.

Ce n’est pas aujourd’hui, et dans ces pages rapides, qu’il serait
possible et opportun de résumer une fois de plus cette histoire.
Je rappellerai seulement, pour mieux « situer » les statues qui sont
venues prendre place dans nos séries, de quelle façon chacune
d’elle les illustre et de quelle nuance elle les enrichit... Et il est
bien entendu que nous ne prétendons pas produire ici que des « chefs-
d’œuvre », mais simplement des œuvres expressives et vivantes,
des « témoins », qui, par la main de nos imagiers, nous apportent
quelque chose de l’esprit des ancêtres.

J’ai essayé de montrer dans nos leçons de l’Ecole du Louvre
« comment, par quelle reprise en quelque sorte instinctive de bon sens
et de mesure, la sculpture proprement française s’affranchit progres-
sivement de la tutelle des ateliers septentrionaux établis à la cour
française de Bourgogne et résista au formalisme violent et tourmenté
qui sévit chez quelques continuateurs de ces maîtres justement
fameux; comment, avec simplicité, bonhomie et bonne foi, avec une
curiosité facilement amusée de la réalité et de la vie, avec un vif
 
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