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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Michel, André: Les accroissements du département des sculptures (Moyen Age, Renaissance et temps modernes) au Musée du Louvre, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0029

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ACCROISSEMENTS DU DÉPARTEMENT DES SCULPTURES 19

sentiment du pittoresque, elle se prêta aux exigences de la dévotion
à la fois craintive, familière, pathétique et tendre qui multiplia et
renouvela en tant de chapelles les images des saints et la représen-
tation des grands faits du drame chrétien1. » C’est pendant qu’elle
s’employait — avec quelle fervente activité ! — à cette tâche,façonnant
à la demande des communautés, des confréries et des riches bour-
geois, devenus des clients de plus en plus efficaces, d’innombrables
statues et bas-reliefs, — de valeur certes très inégale, mais où le
sentiment populaire s’exprime avec un savoureux mélange de sé-
rieux, d’émotion et de naïveté, — que la Renaissance italienne vint
lui offrir, quelquefois même lui imposer, ses nouveautés sédui-
santes, aussitôt accueillies par les mécènes les plus riches et les plus
influents.

Comment les maîtres provinciaux répondirent aux besoins, à
l’esprit de leur clientèle et de leur temps, quel accueil ils firent ou
quelle résistance ils opposèrent aux émissaires de l’art ultramontain,
par quelles combinazioni discrètement ménagées l’accord se ht, sur
certains points, isolés d’abord, pour s’étendre ensuite jusqu’à des
capitulations, où les nôtres sacrifièrent parfois au goût nouveau
bien des vertus charmantes, c’est aux statues elles-mêmes qu’il faut
demander de nous le dire. En voici quelques-unes qui sont venues
au Louvre en témoigner à leur façon.

J’aurais dû mentionner déjà une délicieuse statuette d’applique,
un Angelot de marbre portant les burettes liturgiques, donné par
les « Amis du Louvre », antérieur à la crise à laquelle je viens de faire
allusion. C’est un excellent spécimen de cette sculpture purement
française par l’interprétation discrète et tendre de la nature, le
rythme calme et simple des draperies, l’intimité gracieuse et naïve
de l’expression. La matière dans laquelle il est taillé indique qu’il
fut fait pour quelque client aristocratique. Le marbre n’était encore
qu’assez exceptionnellement employé : c’était une matière de luxe,
réservée soit aux Notre-Dame la Blanche (statues de la Vierge en
marbre, dons princiers à des autels privilégiés), soit aux figures
tombales des grands personnages, où souvent encore, par économie,
le masque seul et les mains étaient de marbre. Notre Angelot
(acquis par les « Amis du Louvre » dans le même lot que les statues
royales de Maubuisson) avait sans doute la même provenance. Il
mérite, par sa bonne grâce souriante, de prendre une bonne place

J. Voir notre Histoire de l’Art, t. IV, p. 573 et suiv.
 
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