DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Rosenthal, Léon: Les salons de 1912, 3, Les dessins, aquarelles, pastels
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0074
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
artiste. Un coussin par Mlle Rogers en « toile reprisée de laine
ajourée et perlée » montre que les matières les plus vulgaires peuvent
se revêtir, sous les mains de l’artiste, de beauté et même de richesse.
Les arts du métal, sans offrir aucun effort nouveau, marquent la
continuation heureuse des mêmes labeurs. MM. Emile Robert à la
Nationale, Szabo et Edgar Brandt au Salon des Artistes français,
forgent le fer avec une stupéfiante virtuosité. M. Dunand cisèle et
martèle des vases où les divers métaux jouent selon leur génie.
MM. Ronvallet et Capon marchent avec moins de simplicité dans
des voies semblables. M. Scheidecker multiplie les applications de
sa technique originale. Mme Cazin, MM. Miault et Thiennot emprun-
tent à la faune et à la flore des formes inédites d'orfèvrerie.
L’absence de MM. Lalique et Lucien Gaillard prive le bijou de
ses maîtres les plus autorisés. M. Rivaud a monté avec une science
robuste une Tête de saint Jean en argent sculptée par M. Rodin.
M. Dubret expose des colliers, des bracelets, des pendentifs d’une
conception très ténue et très nuancée. Quelques roses s’effeuillent
près des bijoux que cisela Mme René-Jean.
Rien ne répond mieux à notre sensibilité curieuse d’effets subtils
que les objets minuscules et précieux de buis et d’ivoire que M. Clé -
ment-Mère revêt de décor raffinés, et M. Bastard nous retient aussi,
qui sait tirer de la nacre des harmonies légères et complexes
où s’accorde le jeu des lignes, des reflets et des reliefs.
Deux noms dominent la céramique : ceux de MM. Delaherche et
Dammouse. Célèbres tous deux depuis plus de vingt ans, puisqu’ils
furent, à côté de Gai 1 é et de Chaplet, les triomphateurs de l’Exposi-
tion Universelle de 1889, ils n’ont pas cessé de se livrer à la recherche
tenace et fructueuse. M. Dammouse s'ingénie à varier sur des vases
aux formes harmonieuses et simples des décorations florales à la
fois très indépendantes et intimement incorporées à la couverte. Ses
gammes toujours délicates, souvent crépusculaires, se sont, cette
année, éclaircies avec un rare bonheur. M. Delaherche, dont les grès
flammés ont une perfection sobre et une richesse grave, a, depuis
plusieurs années, étendu son domaine à la porcelaine; tantôt il
Tadorne de somptueuses parures, tantôt il l’ajoure d’entrelacs subtils.
Admirable exemple de renouvellement et de jeunesse1.
MM. Lenoble, Gandais, Mme Wallet Josse, inspirée d’une façon
1. La Manufacture de Sèvres a organisé au Salon des Artistes français une
exposition importante. Dans l’impossibilité d’en faire une analyse suffisante, je
me contente de la signaler.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
artiste. Un coussin par Mlle Rogers en « toile reprisée de laine
ajourée et perlée » montre que les matières les plus vulgaires peuvent
se revêtir, sous les mains de l’artiste, de beauté et même de richesse.
Les arts du métal, sans offrir aucun effort nouveau, marquent la
continuation heureuse des mêmes labeurs. MM. Emile Robert à la
Nationale, Szabo et Edgar Brandt au Salon des Artistes français,
forgent le fer avec une stupéfiante virtuosité. M. Dunand cisèle et
martèle des vases où les divers métaux jouent selon leur génie.
MM. Ronvallet et Capon marchent avec moins de simplicité dans
des voies semblables. M. Scheidecker multiplie les applications de
sa technique originale. Mme Cazin, MM. Miault et Thiennot emprun-
tent à la faune et à la flore des formes inédites d'orfèvrerie.
L’absence de MM. Lalique et Lucien Gaillard prive le bijou de
ses maîtres les plus autorisés. M. Rivaud a monté avec une science
robuste une Tête de saint Jean en argent sculptée par M. Rodin.
M. Dubret expose des colliers, des bracelets, des pendentifs d’une
conception très ténue et très nuancée. Quelques roses s’effeuillent
près des bijoux que cisela Mme René-Jean.
Rien ne répond mieux à notre sensibilité curieuse d’effets subtils
que les objets minuscules et précieux de buis et d’ivoire que M. Clé -
ment-Mère revêt de décor raffinés, et M. Bastard nous retient aussi,
qui sait tirer de la nacre des harmonies légères et complexes
où s’accorde le jeu des lignes, des reflets et des reliefs.
Deux noms dominent la céramique : ceux de MM. Delaherche et
Dammouse. Célèbres tous deux depuis plus de vingt ans, puisqu’ils
furent, à côté de Gai 1 é et de Chaplet, les triomphateurs de l’Exposi-
tion Universelle de 1889, ils n’ont pas cessé de se livrer à la recherche
tenace et fructueuse. M. Dammouse s'ingénie à varier sur des vases
aux formes harmonieuses et simples des décorations florales à la
fois très indépendantes et intimement incorporées à la couverte. Ses
gammes toujours délicates, souvent crépusculaires, se sont, cette
année, éclaircies avec un rare bonheur. M. Delaherche, dont les grès
flammés ont une perfection sobre et une richesse grave, a, depuis
plusieurs années, étendu son domaine à la porcelaine; tantôt il
Tadorne de somptueuses parures, tantôt il l’ajoure d’entrelacs subtils.
Admirable exemple de renouvellement et de jeunesse1.
MM. Lenoble, Gandais, Mme Wallet Josse, inspirée d’une façon
1. La Manufacture de Sèvres a organisé au Salon des Artistes français une
exposition importante. Dans l’impossibilité d’en faire une analyse suffisante, je
me contente de la signaler.