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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 2
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Durrieu, Paul: Le musée Jacquemart-André: les manuscrits à peintures
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0106

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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qu’intéressantes à analyser pour leurs tendances. D’un excellent
dessin, la plupart du temps d’un coloris brillant en même temps
qu’harmonieux, les créations de ce maître sont généralement très
heureuses de composition. D’autre part, leur auteur se range an
premier rang d’un groupe de novateurs qui, rompant avec les vieux
errements, se sont efforcés, dans le royaume de France, d’appliquer
les principes empruntés à l’observation de la nature sur lesquels en
somme l’art de la peinture vit encore de nos jours.

Le maître en question, par exemple, avant les van Eyck, avant
même les merveilleux artistes qui ont peint pour le duc Jean de
Berry les Très riches Heures conservées à Chantilly, a tenté souvent
de renoncer aux fonds d’or, ou de pure décoration, que l’on avait
l’habitude, aux xme et xive siècles, de placer derrière les figures. Il
a, pour employer une expression dont je me suis déjà servi ailleurs,
« crevé la toile de fond » pour laisser voir des paysages où les
plans se succèdent, où la lumière se joue, et qui visent à donner
l’aspect de la réalité.

Tout à fait digne d’être étudié comme paysagiste, l’artiste sait
aussi se faire portraitiste. J’ai jadis mentionné dans des manu-
scrits illustrés de sa main, qui sont à Paris, des effigies remar-
quables du roi Charles VI, du duc Jean de Berry, du duc de Bour-
gogne Jean sans Peur. J’aurais pu citer encore un autre portrait de
Charles VI, peint sur une page d’un exemplaire des Demandes de
Pierre Salmon conservé à Genève, qui doit être publiée par la
Société française de reproductions de manuscrits à peintures L

Un tel virtuose du pinceau méritait d’être en faveur auprès de
ses contemporains. C’est, en effet, ce qui s’est produit. Le duc Jean
de Berry l’a employé, en ne lui donnant toutefois, semble-t-il,
qu’une situation relativement secondaire parmi ses « ouvriers ».
En revanche, c’est à lui que fut réservé le principal rôle dans l’illus-
tration d’un célèbre exemplaire du Livre clés Merveilles du Monde,
exécuté pour Jean sans Peur entre 1404 et 1413.

L’artiste n’a pas seulement travaillé dans le Royaume des fleurs
de lys. J’ai retrouvé à Turin un livre d’Lleures fait à Milan pour les
Visconti de Milan, dont les peintures sont certainement de sa main.
Le maître appartient donc à la catégorie de ces artistes qui, comme
j’avais récemment occasion de le rappeler dans un article donné au 1

1. Voir, en attendant, ce qu’a dit du manuscrit mou confrère M. Hippotyte
Aubert dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, t. LXXII, 1911, p. 296.'
 
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