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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Durrieu, Paul: Le musée Jacquemart-André: les manuscrits à peintures
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0110

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LES MANUSCRITS JACQUEMART-ANDRÉ

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Une des plus dignes d'attention, parmi ces images, est la 13e, que
nous reproduisons. Elle nous montre à genoux, au-dessous d’un
buste de la Madone glorieuse qui apparaît au ciel, les premiers pos-
sesseurs du livre d’Heures, le maréchal de Boucicaut accompagné
d’un ange, et sa femme Antoinette de Beaufort-Turenne.

M. de Villeneuve inclinait à chercher d’autres portraits dans le
reste du volume. Sur certaines pages il voulait retrouver encore le
maréchal, puis son frère Geoffroy le Meingre, dit Boucicaut le jeune,
son chapelain Honorât Durand, rédacteur présumé du Livre des faits
du bon maréchal, son compagnon d’armes à Nicopolis, Guy VI de
la Trémoïlle, etc. J’estime que sur ce chapitre il convient de ne pas
se laisser trop entraîner. Mais, si je fais des réserves sur la valeur
iconographique et historique de certaines figures, je n'en fais aucune
sur le mérite d’art. Les Heures du Maréchal de Boucicaut constituent
un admirable volume.

Le maréchal Jean II le Meingre mourut sans laisser après lui de
fils vivant. Son livre d’Heures parvint à son neveu Jean le Meingre,
qui mourut en 1490, fils de son frère cadet Geoffroy, dit Boucicaut le
jeune. Possesseur du volume, ce Jean le Meingre, le dernier des Bouci-
caut, y fit ajouter une quarante-troisième miniature à la fin du volume.
Dans cette peinture, que nous reproduisons aussi, Jean le Meingre
est représenté assistant à la messe dite par saint Grégoire. La page
est très belle. On a proposé d’y reconnaître une œuvre de Jean
Foucquet1. L’attribution n’est pas soutenable. Mais les têtes des
personnages, surtout celle de Jean le Meingre, qui pourrait bien
être d’une autre main que le reste de l’image, sont modelées avec
une finesse et une fermeté dignes d’un grand maître.

A la mort du dernier Boucicaut, son héritage, y compris le livre
d’Heures, passa à son cousin germain Aymar de Poitiers, seigneur
de Saint-Vallier, grand-père de la fameuse Diane de Poitiers.
Suivant une coutume très répandue, le manuscrit fut approprié à
l’usage du nouveau propriétaire. En beaucoup d’endroits, les armes du
maréchal de Boucicaut, répétées à foison dans le volume, et sa devise
qui était : « Ce que vous voudrez » furent surchargées des armoiries
de la maison de Poitiers et de la devise : « Sans nombre ».

La suite des destinées du volume ne laisse pas d’être assez

cation faite par la Société des Bibliophiles françois : Notice sur un manuscrit du
xive siècle : Les Heures du Maréchal de Boucicaut, Paris, 1889, in-4, avec dix
planches, tantôt tirées en noir, tantôt rehaussées de couleurs.

1. Catalogue des livres... de feu M. Guyot de Villeneuve, p. 3.
 
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