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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 2
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Labande, León-Honoré: Les peintres niçois des XVe et XVIe siècles, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0189

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LES PEINTRES NIÇOIS DES XVe ET XVIe SIÈCLES 171

vers saints, ni les fonds d’or, ni les paysages à lignes mouvementées,
meublés de villes et de châteaux, peuplés à l’arrière-plan de minus-
cules personnages qui circulent à pied ou à cheval.

Ce qu’il faudrait, par contre, retrouver, c’est une même observa-
tion de certaines règles de dessin, un mode d’expression des senti-
ments, des conceptions particulières pour la façon de traiter les
visages, de draper les vêtements, de camper les grandes figures,
une gamme de couleurs non pas uniforme, mais se tenant dans une
tonalité à peu près identique, des procédés apparentés pour le
modelé et le jeu des lumières et des ombres.

Laissons de côté, si l’on veut, Jean Miraillet, le plus ancien des
peintres ayant vécu à Nice dont on possède une œuvre; à Montpel-
lier, d’où il était venu, il avait reçu une éducation toute française;
son âge, son origine et sa formation artistique suffisaient à le
mettre à part. Que dire des autres, à l’exception des Bréa? Mais il
suffit de nommer Jacques Durandi, Jacques de Carolis, le « Maître de
Gréolières », l’auteur de Y Annonciation de Villars, celui de la Vierge
de secours de Puget-Théniers et tous les autres, pour rappeler que
chacun de ces artistes eut sa méthode particulière, que chacun garda
son style propre, eut son crayon et sa palette. Ils sont, pour ainsi
dire, tous dominés par l’art italien, mais les uns se rattacheraient
davantage à l’école piémontaise ou lombarde, d’autres à l’école
toscane ou ombrienne, d’autres encore aux ateliers vénitiens. Que
dire même de Louis Bréa, accusant tour à tour l’influence des
maîtres qui le séduisaient, produisant de multiples tableaux pour
lesquels il se recopiait si souvent ?

Si l’on veut rester dans la vérité, il faut avouer que les peintres
de la région niçoise, formés soit en Provence, soit en Italie, voya-
geaient continuellement et se trouvaient instruits de beaucoup plus
de choses qu’on ne soupçonne; ou bien ils savaient élever leur
intelligence au-dessus des milieux qu’ils fréquentaient, se consti-
tuaient tant bien que mal un style à eux, obéissaient à leur tempé-
rament, suivaient leurs habitudes, ou bien ils se laissaient gagner
par les influences les plus diverses ; dans tous les cas, ils ne se préoc-
cupaient aucunement de créer un centre artistique, d’établir et de
maintenir entre eux une unité de vues, une communauté de concep-
tions. Seul, Louis Bréa aurait été de taille à devenir un chef d’école;
mais il ne s’appliqua pas assez à développer son originalité et à
perfectionner sa maîtrise; il ne sut pas attirer et retenir auprès de
lui les peintres qui se formaient ou qui arrivaient de divers côtés;
 
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