DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Germain, Alphonse: Jean Dampt: artistes contemporains
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
rappellent — souvenir de la patrie provinciale — ceux des tombeaux
du musée de Dijon. Les tiroirs du chiffonnier ont pour poignées plu-
sieurs souris, aux postures aussi positives que celles de leurs sœurs
aînées de la façade de Vézelay; et, quoique fort occupés à pénétrer
dans la place, ces rongeurs n’en jouent pas moins uti lement leur rôle
ornemental. Son entente des combinaisons décoratives, on la perçoit
encore dans la cheminée (inachevée) de la pièce qui précède son
atelier, dans les panneaux d orme et la porte à deux vantaux de la
grande salle de son habitation. Sous la console de la cheminée se
blottissent deux grotesques, proches parents des si plaisants bons-
hommes de la porte des Bleds à Semur. Les panneaux de sa maison,
très légèrement entamés par l’outil, se recommandent avant tout par
leurs proportions et leur taille, qui font valoir la richesse, la succu-
lence de leur matière (on les a pris dans de vieux arbres majes-
tueux); quant à la porte, des motifs peu complexes la parent sans la
surcharger : des feuilles de vigne et des raisins au faîte, des épis
de blé infléchis à droite et à gauche, et, dans la partie inférieure,
des fruits groupés.
Même sens heureux de la mesure dans ses travaux de ferron-
nerie — pentures des portes précitées, clous ciselés et heurtoir de
l’huis de l’atelier, entrée de serrure et poignées du chiffonnier aux
souris, chenets déjà cités, grille du tombeau de la famille Thierry -
Delanoue, — dans la composition de la mosaïque de sa demeure1,
dans ses ouvrages d’orfèvrerie. Au surplus, tous ces ouvrages sont à
louer pour leur métier. M. Dampt connaît tous les moyens de subju-
guer, d’assujettir la matière, mais il ne les tient pas de spécialistes
renommés. En ce genre de travaux, c’est un autodidacte. lia appris
à façonner le bois et le fer en observant autour de lui, dans la mai-
son paternelle et dans la forge voisine, en s’essayant à reproduire
les gestes qui se renouvelaient sous ses yeux, non sans en demander
les raisons. Il désirait si vivement s’instruire! Toutefois, s’il doit
beaucoup aux conseils qu’il reçut alors, il doit bien plus encore à
son expérience personnelle. Pendant son séjour à l’Ecole des Beaux-
Arts, il négligea forcément ces essais de sa première jeunesse, mais
ensuite il ne tarda guère à s’y remettre avec ardeur, et l’habitude du
maniement des outils qu’il avait acquise à Cluny lui permit de pro-
gresser rapidement. Une étude perspicace des œuvres du passé acheva
de le préparer. Bientôt des succès répétés l’encouragèrent. Qui
1. Cette mosaïque, aux lignes agréables, aux tonalités légères, orne le sol
d'un vestibule.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
rappellent — souvenir de la patrie provinciale — ceux des tombeaux
du musée de Dijon. Les tiroirs du chiffonnier ont pour poignées plu-
sieurs souris, aux postures aussi positives que celles de leurs sœurs
aînées de la façade de Vézelay; et, quoique fort occupés à pénétrer
dans la place, ces rongeurs n’en jouent pas moins uti lement leur rôle
ornemental. Son entente des combinaisons décoratives, on la perçoit
encore dans la cheminée (inachevée) de la pièce qui précède son
atelier, dans les panneaux d orme et la porte à deux vantaux de la
grande salle de son habitation. Sous la console de la cheminée se
blottissent deux grotesques, proches parents des si plaisants bons-
hommes de la porte des Bleds à Semur. Les panneaux de sa maison,
très légèrement entamés par l’outil, se recommandent avant tout par
leurs proportions et leur taille, qui font valoir la richesse, la succu-
lence de leur matière (on les a pris dans de vieux arbres majes-
tueux); quant à la porte, des motifs peu complexes la parent sans la
surcharger : des feuilles de vigne et des raisins au faîte, des épis
de blé infléchis à droite et à gauche, et, dans la partie inférieure,
des fruits groupés.
Même sens heureux de la mesure dans ses travaux de ferron-
nerie — pentures des portes précitées, clous ciselés et heurtoir de
l’huis de l’atelier, entrée de serrure et poignées du chiffonnier aux
souris, chenets déjà cités, grille du tombeau de la famille Thierry -
Delanoue, — dans la composition de la mosaïque de sa demeure1,
dans ses ouvrages d’orfèvrerie. Au surplus, tous ces ouvrages sont à
louer pour leur métier. M. Dampt connaît tous les moyens de subju-
guer, d’assujettir la matière, mais il ne les tient pas de spécialistes
renommés. En ce genre de travaux, c’est un autodidacte. lia appris
à façonner le bois et le fer en observant autour de lui, dans la mai-
son paternelle et dans la forge voisine, en s’essayant à reproduire
les gestes qui se renouvelaient sous ses yeux, non sans en demander
les raisons. Il désirait si vivement s’instruire! Toutefois, s’il doit
beaucoup aux conseils qu’il reçut alors, il doit bien plus encore à
son expérience personnelle. Pendant son séjour à l’Ecole des Beaux-
Arts, il négligea forcément ces essais de sa première jeunesse, mais
ensuite il ne tarda guère à s’y remettre avec ardeur, et l’habitude du
maniement des outils qu’il avait acquise à Cluny lui permit de pro-
gresser rapidement. Une étude perspicace des œuvres du passé acheva
de le préparer. Bientôt des succès répétés l’encouragèrent. Qui
1. Cette mosaïque, aux lignes agréables, aux tonalités légères, orne le sol
d'un vestibule.