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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 3
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Roux, Alphonse: Sergent-Marceau
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0240

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SERGENT-MARCEAU

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trouvera pas de sitôt l’équivalent de ces quelques lignes1. Aussi
Didron lui-même, au temps de leur polémique, n’hésitait pas à lui
rendre justice2. Sans reproduire ici tout ce rapport assez long qu’on
n’a guère la facilité de lire, il semble bon d’en faire connaître les
principaux passages. Sergent, en effet, ajoute : « Combien je regrette
d’avoir vu que déjà quelques-unes de ces figures ont été abattues et
mutilées par un esprit de vertige de quelques citoyens qui ont
pensé qu’en détruisant les préjugés, il fallait en détruire aussi les
traces historiques ! Et où en serions-nous si les chrétiens eussent
brisé toutes les statues et tous les bas-reliefs des païens! » Cette
déclaration intelligente témoigne d’une certaine hardiesse.

Son sens artistique se manifestait à tous égards. La théorie qui
fait demander la démolition de ce qn’on considère comme faux et
de mauvais goût dans un monument est dangereuse. Cette réserve
admise, il faut reconnaître que les démolitions proposées par Ser-
gent à l’intérieur de la cathédrale sont clairvoyantes. Il en est une
qui ne fut pas exécutée, et nous nous demandons aujourd’hui s’il
ne faut pas le regretter. Il s’agit des grands bas-reliefs de Bridan3.
Leur fausse élégance dépare l’église et les larges plaques sur les-
quelles ils reposent dénaturent l’admirable tour du chœur dont ils
ont bouché les jours. Or voici ce qu’en dit Sergent : « Les grands
has-reliefs en marbre blanc qui ont été depuis peu exécutés dans le
chœur ne valent pas la peine d’être conservés et déparent le monu-
ment. Leur travail est d’un mauvais goût, en outre que les sujets
n’ont rien d’intéressant; car si Je mérite de l’exécution pouvait les
sauver, je vous dirais : quel que soit le trait historique de chacun
d’eux, il faut le transmettre à la postérité. » Il y a dans ces derniers
mots une belle leçon de goût et de largeur d’esprit dont aujour-
d’hui encore on n’a pas tout à fait perdu le besoin. Sergent a de

1. Environ un demi-siècle plus lard, le Secrétaire perpétuel de l’Académie
des Beaux-Arts, parlant au nom de celle-ci, écrit encore : « Sous le rapport de la
solidité, les édifices gothiques manquent des conditions qu’exigerait aujourd’hui
la science de l’art de bâtir... On n’y voit aucun système de proportion ; les détails
n’y sont jamais en rapport avec les masses; tout y est capricieux et arbitraire
dans l’invention comme dans l’emploi des ornements. » (Cité par le Cte H. de
Laborde, L’Académie des Beaux-Arts.)

2. Je n’ai pas l’intention, écrivait-il, de chagriner « M. Sergent-Marceau, à qui
on doit le salut et l’intégrité de la cathédrale de Chartres, et qui réclamait avec
une énergie et une intelligence dignes de notre temps, la conservation de ce
monument ». (Lettre au rédacteur du Journal de Chartres, n° du 17 janv. 1839.)

3. Sans les briser évidemment, on eût pu les transporter ailleurs. L’Assomp-
tion du même Bridan trouve grâce, on ne voit trop pourquoi, à ses yeux.\

VIII.

4e PÉRIODE.

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