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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 3
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Rosenthal, Léon: La peinture romantique sous la monarchie de Juillet, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0256

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

236

même si les rapports n’en étaient pas exacts, avaient de quoi arrêter
et satisfaire des yeux qui ne demandaient qu’à être amusés.

Ainsi furent produites des œuvres qui n’étaient que des à peu
près, de «jolis mensonges 1 ». Faciles et légères, elles offraient sou-
vent le témoignage de grandes qualités, et parfois il eût fallu peu
de chose pour leur donner une valeur sérieuse.

Quelques petits maîtres, et des meilleurs, ne surent pas résister
au succès facile, et produisirent trop vite des œuvres pour la vente.
Diaz gaspilla ainsi, en partie, son admirable talent, oscillant perpé-
tuellement entre les pages écrites avec amour et les morceaux bâclés,
reprenant vingt fois, et plus mal, les effets qui avaient eu tout
d’abord du succès, si riche d’ailleurs que, dans ses toiles les plus
lâchées, il reste quelque reflet du génie. Roqueplan sacrifia très
vite la poursuite de la symphonie rare au désir de caresser le regard.
Ghampmartin, sur lequel à ses débuts avaient été fondées les plus
belles espérances, que l’on avait, un instant, égalé à Delacroix2,
et qui, après 1830, s’était classé comme l’un des meilleurs portrai-
tistes de son temps, ne sut pas dominer la vogue. Après avoir peint
le portrait de Molé, qui fit sensation, celui de Madame de Michel,
que nous admirons encore, il sombra dans un art factice et superfi-
ciel, et y persista, malgré la colère de la critique irritée de ses
pronostics déçus3.

Des artistes se firent un nom dans ce domaine qui est aux confins
de l’art véritable. Clément Boulanger sut, avec une grande adresse,
un certain sens décoratif, construire des « machines » superficielles
d’un agrément fluide. La Procession de la Gargouille reçut au Salon
de 1837 l’approbation des meilleurs critiques, et l’on n’a pas revu
sans plaisir, à l’Exposition de 1900, le Baptême de Louis XLII (1834).

Le peintre le plus caractéristique de ce groupe est Baron. Son
nom est aujourd’hui bien oublié, et peut-être expie-t-il trop dure-
ment une vogue excessive. 11 avait un talent réel, et il sut admira-
blement trouver les motifs des harmonies, la dose d’art qui conve-

1. Je trouve ce tenue dans un article anonyme sur le Salon cle 1842 (Revue de
Paris, avril 1842, p. 212).

2. « Après cela soyez donc grands artistes! Usez votre âme! Appelez-vous
Delacroix on Ghampmartin! » (U Artiste, 1831, t. Il, p. 28.)

3. « Nous aimons mieux ne rien dire de M. Champmartin, qui a fait deux
femmes coitfées de serre-tête en taffetas gommé et déplorablement saupoudrées
de vermillon. O jours du Massacre des janissaires, de Saint Jean prédicateur,
qu’ètes-vous devenus! Il est profondément douloureux de voir un homme de
talent se négliger de la sorte. » (Théophile Gautier, La Presse, 18 mars 1837.)
 
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