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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 3
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Rosenthal, Léon: La peinture romantique sous la monarchie de Juillet, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0258

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238

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Philippe (1831) est, par la liberté delà mise en scène, la chaleur du
coloris, l’adresse avec laquelle les costumes officiels, les habits
noirs, les tentures ont été exploités, un tableau charmant et très
caractéristique. Mais Devéria s’évanouit dans le brouillard, dans le
gris dès sa Jeanne d’Arc (1831) 1 et se perd dans l’imitation vaine
de l’Italie dans ses décorations d’Avignon.

Camille Roqueplan, versatile, abandonne la manière où il a
rencontré tant de succès et courtise la faveur populaire avec son
Lion amoureux (1836); il retrouve, au reste, sa verve savoureuse
dans Van Dyck à Londres (1838).

Ary Scheffer, depuis le début de sa carrière, oscillait entre les
couleurs intenses et le gris. Il se décide pour la peinture abstraite
et y trouve l’usage le meilleur de ses facultés. Toujours capable
d’ailleurs de retour, il peint dans son ancienne manière le célèbre
Larmoyeur (1834) : Eberhardt de Wurtemberg qui pleure sur le
corps de son tils, et Le Roi de Thulé (1839) 1 2 3.

En même temps, les dessinateurs romantiques, Achille Devéria
ou Célestin Nanteuil, renoncent au raffinement ou aux outrances de
leurs premières estampes pour gaspiller leur talent, en des pages
lâchées, agréables et fades.

Compromis par de maladroits amis, affaibli par des défections
considérables, le romantisme rallie-t-il à sa cause des recrues nou-
velles? Les recrues sont peu nombreuses et elles n’enrichissent pas
le trésor où elles puisent.

Un peintre secondaire comme Debon, auteur favorablement
accueilli d’une Bataille d ' Hastings 3 (1845) s’inspire, sans y rien
ajouter, des formules romantiques. lliesener applique avec agrément
et chaleur des formules qu’il ne renouvelle pas. Jean Gigoux, peintre
de race, dont le Léonard de Vinci (1835) fut un grand succès et fait
encore bonne figure au musée de Besançon, ne pouvait être qu’un
satellite ; encore ne sut-il pas se défendre contre sa propre facilité.
Des œuvres bâclées comme Cléopâtre (1837), vides comme Clovis
(1844), rendaient difficile la tâche des défenseurs du romantisme.

Il lui reste d’avoir été le merveilleux illustrateur de GU Blas4.

La vitalité du romantisme est-elle donc épuisée? Pour affirmer sa

1. La Marseille et le Serment de Louis-Philippe, au musée de Versailles ; Jeanne
d'Arc, au musée d’Angers.

2. Le Larmoyeur, au Musée Boymans à Rotterdam.

3. Au musée de Caen.

4. Cléopâtre et Clovis sont au musée de Bordeaux; Gil Blas fut publié en 1835.
 
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