Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 8.1912)

LES VASES ANTIQUES DU MUSÉE D’ATHÈNES 249

premier recensement. Le regretté L. Couve avait entrepris en 1891 une entière
refonte dn catalogue. La maladie l’empêcha de voir l’achèvement de ce travail,
abandonné en 1897, et qui parut seulement en 1902, repris et complété par
M. Collignon lui-même. Après quatorze ans, ce nouveau cadre s’est trouvé
à nouveau trop étroit. I 363 pièces nouvelles, ajoutées au nombre déjà considé-
rable (environ 2000) de celles que le second catalogue avait réunies, attendaient
de prendre place dans les classements établis. C’est ce travail méiitoire qu’a
entrepris M. Nicole, ancien membre étranger de l’École française, et qu’il vient
de mener à bien1. Dans la préface du livre, M. Collignon, une fois encore,
comme il avait rendu hommage, en
termes émus, à la mémoire de L. Couve,
a présenté au public, en des circon-
stances meilleures, le supplément de
son premier travail. Le nom d’un des
maîtres de l’archéologie française do-
mine ainsi cette œuvre continue, où
trois efforts s’associèrent. Je dirais qu’il
en fait l’unité, si, de l’un à l’autre des
livres successifs, une parfaite conver-
gence des vues et des méthodes n’assu-
rait déjà, par elle seule, et sans pré-
judice du progrès de la science, la
cohésion de l’entreprise commune2.

1. Catalogue des vases peints du Musée
National d'Athènes : Supplément, par
G. Nicole, Paris, Champion, 1911. L’ouvrage
est accompagné d’un Album in-folio
(21 planches en couleurs). C’est à cet album
que sont empruntées nos reproductions.

2. On accepte de grands devoirs quand
on prend place dans une série illustrée par
les noms de M. Collignon et de L. Couve.

M. Nicole ne manquera point de satisfaire
à toute sa tâche en revoyant, pour une
seconde édition, son utile Supplément. Le
livre est destiné au public, et son premier mérite doit être de se montrer commode. C'est
pourquoi j’eusse souhaité une table de concordance permettant au visiteur de retrouver
aisément les pièces cataloguées. M. Nicole n’a pu achever son travail qu’à Genève; sur
place, il eût corrigé quelques détails inexacts. Les signatures d’artistes ne sont pas
toujours bien reproduites. Quelques erreurs se sont glissées dans les descriptions. 11
advient aussi que certains vases, quoique depuis assez longtemps en vitrine, ne soient
pas mentionnés, ou que les numéros ne concordent pas avec ceux de l’inventaire. On
peut s’étonner, par exemple, de voir décrit au n° 252, à titre d'amphore à étrier mycé-
nienne, le vase 2255, qui m’a paru hellénistique et porte une inscription d’ailleurs iné-
dite. Le canthare à fond blanc 2256 peut-il être, d’autre part, soit, au n° 266, catalogué
comme petite cruche sphérique mycénienne, soit, au n° 1262, comme balsamaire à
double coquille? J’aurais le regret, si je le voulais, de multiplier de tels exemples. Des
céramiques, étudiées dans le catalogue (2239-1150', ne figurent pas à l'index. Enfin,
pour terminer avec ces critiques, M. Nicole me permettra-t-il de lui faire observer que
ses planches ne donnent pas toujours une exacte idée des couleurs originales? Le
cothon archaïque béotien 12JJ7 (u° 872) reproduit pl. V, avec des teintes presque ver-

VASE CRÉT.OIS

DU STYLE DIT «DU PALAIS»
IMPORTÉ A PYLOS, XIIIe S. AV. J.-C.
(Musée National d’Athcnes.)