Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 8.1912)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Il n’y a pas lieu, surtout après M. Colligi.on, de présenter ici l’auteur du Sup-
plément. Plusieurs monographies érudites l’ont déjà recommandé, spécialement
aux céramographes. Si « ce sont les faits qui louent », je préfère indiquer au
public l’intérêt des apports nouveaux dont M. Nicole nous offre le bénéfice. Le
procédé d’accroissement du musée d’Athènes rend cette recension particulière-
ment intéressante pour les époques archaïques, antérieures au style des figures
rouges. Comme presque toutes les séries nouvelles, non moins d’ailleurs que les
anciennes séries reconstituées, doivent leurs héritages les plus proches à des
fouilles, il arrive qu’en révisant, d’ensemble, les nouveautés, on se trouve suivre
presque pas à pas, au cours de l’histoire de la Grèce primitive, le profit acquis en
vingt ans par la science céramographique. Je ne crois pas que cette périégèse
soit attristante pour ceux qui, un peu partout, consacrent leurs efforts à l’étude
des vases antiques. Dans un espace relativement court, les résultats sont beaux.
11 serait à souhaiter qu’ils convainquissent les sceptiques, près de qui cet ordre
de recherches obtient peu de faveur.

Aux époques primitives, en l’absence des documents de la sculpture, les vases
et tessons de vases prennent une valeur historique éminente. C’est le cas pour la
période néolithique de la Grèce, sur laquelle, aux premières pages, le catalogue
de M. Nicole nous donne un rapide aperçu. Les trouvailles sont récentes; com-
mencées de 1902 à 1905, lors des recherches de MM. Staïs et Tsountas en Thes-
salie, à Dimini, à Sesklo, elles se sont complétées par les fouilles qu’a faites plus
nouvellement encore l’École anglaise dans la vallée du Sperchios, à Lianokhladi,
à Zérélia. M. Nicole a marqué justement le rapport de ces diverses séries avec
celles qui avaient été relrouvées antérieurement déjà, en Thrace, en Galicie,
dans la Russie méridionale. Les vases néolithiques grecs prennent donc leur
place dans les catégories du néolithique de l’Europe centrale, assez distinct,
semble-t-il, de celui de l’Europe occidentale. M. Tsountas assignait aux débuts
de la période une date assez reculée, remontant jusqu’à la première moitié du
ive millénaire. D’après les stations nouvelles de Thessalie, MM. Wace et Thompson
ont proposé d’abaisser ces origines jusqu’en 2500 environ. C’est pourtant un
point de départ chronologique un peu antérieur qu’ont indiqué par ailleurs
les premières observations stratigraphiques faites en Phocide et en Béotie, où
les trouvailles d’Orchomène (1903), disons-le, attendent encore une publication.
Dans la plupart de ces nouveaux centres, une première série céramique, com-
posée de poteries à peintures rouges sur fond blanc, a paru antérieure aux
catégories principales de Dimini et de Sesklo, stations où domine la céramique
à peinture rouge brune, décorée de figures géométriques. La période sub-
néolithique aurait vu ensuite apparaître la céramique incisée et les poteries
a enduit noir lustré qui se sont rencontrées à Orchomène et à Tirynthe.
A l’époque ænéolithique, intermédiaire entre l’âge de la pierre et l’àge du
bronze, correspondrait la céramique grise dite minyenne, du nom des Minyens
établis à Orchomène de Béotie, au centre où les découvertes ont été particuliè-
rement abondantes. Enfin, directement au-dessous de cette couche, dans un

dâtres, est — qui le croirait? — à fond rouge clair un peu orangé. Je ne veux pas
rendre M. Nicole responsable de l’imperfection du procédé de la gravure en couleurs ;
mais peut-être avec de simples photographies, moins coûteuses, eût-on pu multiplier
l’illustration, si nécessaire à de tels ouvrages.