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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Picard, Charles: Les vases antiques du Musée national d'Athènes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0276

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256 GAZETTE DES BEAUX-ARTS

fabrique d’Erétrie, fortement influencée par le style des îles, essaie encore de
tenir tête aux céramistes athéniens. Pourtant la supériorité reste vite aux vases
de Vourva, dont les ornements décoratifs sont empruntés au répertoire ionien,
mais de qui les vives figures se distinguent de plus en plus de celles des vases
de Corinthe.

Le visiteur qui, dans les salles silencieuses et fraîches du musée d’Athènes,
suit, catalogue en main, l’ordre méthodique des vitrines, a l’impression, dès
qu'il arrive à ces séries, d’entrer dans un domaine nouveau. Plus de fleurs styli-
sées, plus de bêtes héraldiques. Mais partout éclate ou se laisse finement
discerner cet esprit inventif des céramistes d’Attique, qui donne un plaisir
comparable à la charmante bonhomie des poèmes d'Homère. Toute la légende
épique ou sacrée de la Grèce défile au flanc des petits vases pressés, de qui la
livrée un peu triste ne semble jamais monotone. C’est Europe sur le taureau,
l’enlèvement de Thétis, le jugement des déesses... Ailleurs Persée décapite
Méduse, Héraklès combat les monstres, ses ennemis toujours renouvelés. Rien
de plus riche que ce répertoire. Encore toutes les scènes ne sont-elles pas fabu-
leuses : çà et là paraissent des danses dionysiaques, ou, souvenir déjà tardif
des grandes figurations du Dipylon, des morts exposés, près de qui s’assem-
blent les pleureuses. Autant que la diversité des sujets, l’amoureux souci de
la beauté des formes retient l’attention, amuse le regard. Une animation
incroyable se disperse dans ces petites figures, dont quelques-unes semblent
avoir proposé, bien longtemps à l’avance, des modèles à la grande sculpture. Tel
est ce petit Discobole, digne de Myron, qui, tout le corps penché en avant et la
jambe tendue, lance l’épaisse palette, et frappe l’air de la main gauche pour
accroître son élan. Devant cette mobilité du décorattique, on regrette moins les
vases méliens, et leur élégance un peu froide. Les arts ne vivent que par l’amour
de la vie; c’est celui de l’Attique qu’attendaient les plus beaux lendemains.

On verra, en tête de cet article, un spécimen de ces vases assez récents, bien
qu’encore à l’aurore du développement de la céramique athénienne. On mesurera,
par simple comparaison, mieux que par tout exposé dogmatique, le chemin
parcouru depuis l’époque lointaine où les céramistes crélois, contemporains de
Minos, agençaient au flanc des stamnoi des décors de papyrus, des palmes, ou
les zones pittoresques des oies du Nil.

CHARLES PICARD

Le Gérant : P. Girardot.

PA K i S.

T Y P. PHILIPPE RENOUA R h.
 
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