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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Dorbec, Prosper: Les paysagistes anglais en France
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0280

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

mère de ces « jardins anglais », aux nappes d’eau propices à la son-
gerie, alors de plus en plus répandus par la campagne parisienne1.

Ce goût pour le jardin anglais, pour ses étendues de molles
pelouses, pour ses arbres penchés sur le bord des étangs, marque
l’initiation de l’œil français à la crudité de la verdure britannique.
O les terribles verts, si malaisés à rendre sans aigreur ni mono-
tonie ! A force d’être scrutés, analysés, ce sont eux peut-être qui.
pour Ja première fois, auront ouvert l’esprit du paysagiste aux
avantages de la division du ton; Delacroix rapporte dans son .Jour-
nal2 qu’il avait été conquis par le procédé, à l’examen d’une prairie
de Constable. Et déjà quel curieux et subtil regard arrête sur eux
l’aîné des Moreau dans ses flâneries des beaux jours par les Mon-
ceau, les Bagatelle, que nous retrace le libre caprice de son œuvre!

Libre caprice, besoin de suivre, de recueillir l’impression toute
directe, se manifeste pareillement dans les deux pays. Aussi y fait-
on un abondant usage du dessin rehaussé, de la gouache, du lavis
teinté; leur exécution rapide permet de pousser déjà bien des
pointes d’analyse vers des particularités inobservées de l’heure ou
des saisons. Paul Sandby, John Cozens, David Cox, sont les maîtres
en ce genre de l'autre côté du détroit, et l’on sait, d’autre part,
les lumineux et exquis paysages que Fragonard, sur le simple papier,
a lui aussi réalisés. Un pas toutefois reste à faire vers l’aquarelle
pure, débarrassée surtout du fond terne du lavis, vers l’aquarelle
livrée davantage à ses indications légères sur le papier éblouissant.
Les peintres anglais, prenant avance sur les coloristes français que
refoule l’académisme impérial, les premiers s’y sont hasardés.

Ce parti une fois adopté a tout de suite élevé au plus haut les
destinées et l’importance de l’aquarelle. Elle a cessé d’être un genre
simplement auxiliaire ; sous la dénomination de painting in wciter
colours, elle est devenue pour l’Angleterre un art véritablement na-
tional. Elle a en pour effet de libérer la vision du paysagiste d’outrc-
Manche, qui sera redevable aux bienfaits qu’il en a retirés, de son
prestige sur notre école retardataire. De s’ètre ainsi, par les éléments
picturaux que l’on s’imposait, contraint et exercé à concentrer son
observation sur ce qu’il convient surtout d’exprimer à ces éléments,

1. Ces gravures étaient destinées à faire partie d’un album de vues tel que
l’éveil du sentiment naturaliste en faisait éclore dans les deux pays. Le recueil
paraîtrait, accompagné d’un double texte, anglais et français. Chez nous se publre
vers la même époque la Description pittoresque de la France, avec principale.col-
laboration du graveur Née.

2. A la date du 23 septembre 1846.
 
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