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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Dorbec, Prosper: Les paysagistes anglais en France
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0284

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264

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

au repos. — On n’est pas peu surpris de trouver aussi à Paris la
figure du plus bonhomme des paysagistes, de ce Crome le vieux
qu’il n’était guère facile d’arracher à ses vastes plateaux du
Norfolk, et aux landes, aux chênes familiers à son pinceau1;
mais tel était ce pouvoir attractif des trésors que l'on savait
accumulés au « Muséum » ! « Je vais voir ce matin les Tuileries,
le but de mon voyage », écrivait-il à sa femme dans une lettre datée
de 1814. « On me dit que j’y trouverai beaucoup d’artistes anglais.
Glovery a travaillé. J’estime que les Anglais peuvent se vanter d’être
plus avancés que ces étrangers. » Dès en débarquant sur le con-
tinent il avait eu lieu de recueillir les éléments d’un de ses chefs-
d’œuvre : le Marché aux poissons de Dunkerque, pittoresque scène
qui lui était apparue toute baignée d’une charmante atmosphère. A
Paris il se trouve en face d’un spectacle bien propre aussi à lui faire
saisir ses pinceaux: c’est celui du boulevard des Italiens. L’artiste
agreste y trouvait sûrement son compte, car le boulevard était alors
une avenue plantée de deux rangées d’ormes superbes; à leur pied
l’œil découvrait toute une enfilade de petites boutiques en plein
vent, tolérées sur cette promenade par l’effet d’une coutume qui de
nos jours réapparaît encore au temps de la Noël. Il en savoura la
vision durant quelque journée d’automne ; ceux qui ont connu le
tableau même nous parlent, en effet2, de feuillages roux et « d’un
bleu frais de ciel d’octobre, traversé de petits nuages ». Cependant la
facture de l’œuvre n’a rien de subversif; le grand admirateur d’IIob-
bema que se déclarait le vieux Crome n’eût pas révolutionné nos
ateliers s’il eût exposé son tableau au Salon ; mais on y sent une
sincérité absolue qui dit bien la simplicité, souriante et calme, du
bonhomme, tout à son ravissement de suivre, entre les arbres et
les maisons, les jeux d’une fine lumière.

Quelque temps après qu’il eut regagné, dans le Norfolk, sa
petite ville de Norwich, à laquelle il resta fidèle toute son existence
et qu’il avait réussi à doter d’une assez importante société d’artistes,
un des principaux membres de cette société, John-Sell Cotman, à
son tour passait la Manche. Il venait emprunter aux vestiges des
architectures médiévales quelques sujets d’eaux-fortes devant servir
à l’illustration d’un gros album rédigé par Dawson Turner sur les

1. Cf. Frédéric Wedmore, article sur Old Crome, dans L’Art (1876, t. III,
p. 289-294).

2. Cf. l’intéressante étude de M. Léon Bazalgette parue dans L’Art et les Artistes
(n° de décembre 19)0).
 
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