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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Michel, André: Les accroissements du département des sculptures (Moyen Âge, Renaissance et temps modernes) au Musée du Louvre, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0318

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298

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

aussi puissant et souple que sincère. Le nouveau venu qui a pris
place dans l’illustre assemblée des contemporains dont le ciseau de
Coysevox nous a conservé la ressemblance était certes bien digne de
leur entretien. C’est Antoine Coypel, garde des tableaux et dessins
de Sa Majesté, futur premier peintre de Mgr le duc d’Orléans, ami
de Racine et de Boileau, poète didactique et écrivain à ses heures.
Voici au plus bref l’histoire de ce buste. Le 21 novembre 1712,
François Dumont, le sculpteur, alors âgé de vingt-cinq ans, épousait
Anne, fille de Noël Coypel, en présence d’Antoine, son frère, tenant
lieu du père défunt. L’acte fut signé, du côté du mari, par le duc
d’Antin, directeur général des bâtiments, jardins, arts et manufac-
tures du Roi, et par Robert de Coite, architecte; du côté de la femme,
par Antoine Coypel son frère et van Clève, sculpteurs du Roi et
grands amis de la famille. Les Boullongne, leurs cousins et le peintre
Sylvestre figuraient aussi au contrat. C’est un peu avant ce mariage,
qui unissait par les plus tendres liens deux fiancés passionnément
épris et deux familles d’artistes, que Coysevox avait fait de son ami
Antoine le beau marbre qui était resté la propriété de sa sœur, la
nouvelle Madame François Dumont. De François Dumont (1687-
1726), le buste passa à Edme Dumont (1720-1775), puis à Jacques-
E. Dumont (1761-1844), enfin à Augustin Dumont (1801-1884), tous
sculpteurs, et celui-ci, le dernier du nom, mort sans enfant, le lé-
guait à sa veuve, épouse en secondes noces de l’architecte Ginain,
qui voulut bien le céder au Louvre.

Antoine Coypel, au moment où son vieil ami Coysevox, presque
septuagénaire, et qui avait été l’ami de son père, tailla dans le
marbre sa belle et imposante figure, était bien près de la cinquan-
taine. Il était en pleine maturité de talent et en pleine vogue. II
venait de publier YEpître à mon fis sur la peinture, qu’il devait
commenter en d’abondants Discours en prose, et Boileau lui-même
l’avait encouragé à l’écrire en vers, comme Y Art poétique \ Coypel
n’a pas manqué de noter ce glorieux souvenir : « Nous étant
trouvés... à dîner chez un de nos amis communs, M. Despréaux, qui
m’honorait depuis longtemps de son amitié, M. de Pille [Roger de
Piles lui-même, l’auteur de la Balance du peintre, le traducteur de
Dufresnoy, le rubéniste fervent] M. de Pille s’échappa à lui parler
de mon épître, de manière qu’il me demanda instamment à la lui
faire voir. Je la luy rapportai quelques jours après; il l’approuva et
me força en quelque sorte de la faire imprimer. Il me dit de publier
dans une préface que c’était lui qui m y avait engagé. Il fit plus : il
 
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