ANGÈLE DELASALLE
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recherche plus que les rapports des tons précieux et professe que
l’orchestration picturale résulte davantage de l'harmonie des valeurs
que de la symphonie des couleurs. Le culte de la forme lui paraît
seul permettre d’atteindre le style, sans lequel il n’est point d’œuvre
durable.
Le style, un voyage en Italie lui en révéla l’essence suprême.
Venise surtout l’enchanta, Venise où elle put admirer librement,
CANAL A DORDRECHT, PAR M11' A. DELASALLE
dans leur cadre somptueux et morne, Titien et Véronèse. Dominée
par Rembrandt, l’artiste devait laisser s’écouler bien des années
avant qu’on pût reconnaître combien profondément le peintre de
Charles-Quint et de François Ier l’avait influencée. Aujourd’hui, les
derniers portraits exécutés par M1,e Delasalle, celui, si merveilleuse-
ment brossé, de Mme de B..., souple dans son « tailleur » de campagne,
le regard sérieux et gai à la fois sous le vaste feutre masculin,
retenant à deux mains les superbes chiens-loups qui l’accom-
pagnent; — les portraits de Louis et Serge K..., garçonnets à la
bouche charnue, aux fortes oreilles, au nez retroussé, aux grands
veux où brille la flamme étrange de l’âge ingrat; le portrait enfin,
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recherche plus que les rapports des tons précieux et professe que
l’orchestration picturale résulte davantage de l'harmonie des valeurs
que de la symphonie des couleurs. Le culte de la forme lui paraît
seul permettre d’atteindre le style, sans lequel il n’est point d’œuvre
durable.
Le style, un voyage en Italie lui en révéla l’essence suprême.
Venise surtout l’enchanta, Venise où elle put admirer librement,
CANAL A DORDRECHT, PAR M11' A. DELASALLE
dans leur cadre somptueux et morne, Titien et Véronèse. Dominée
par Rembrandt, l’artiste devait laisser s’écouler bien des années
avant qu’on pût reconnaître combien profondément le peintre de
Charles-Quint et de François Ier l’avait influencée. Aujourd’hui, les
derniers portraits exécutés par M1,e Delasalle, celui, si merveilleuse-
ment brossé, de Mme de B..., souple dans son « tailleur » de campagne,
le regard sérieux et gai à la fois sous le vaste feutre masculin,
retenant à deux mains les superbes chiens-loups qui l’accom-
pagnent; — les portraits de Louis et Serge K..., garçonnets à la
bouche charnue, aux fortes oreilles, au nez retroussé, aux grands
veux où brille la flamme étrange de l’âge ingrat; le portrait enfin,