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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 5
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Jamot, Paul: Émile Bernard: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0366

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342

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

l’auteur énumérait les jeunes adeptes dont il caractérisait en quel-
ques mots les talents divers : « Sérusier, Bernard, Charles Fi 1 iger,
Maurice Denis, K.-X. Roussel, Ranson, Bonnard, Vuillard, Willum-
sen, Schuffenecker, Charles Guilloux, Alexandre Séon, Henry de
Groux, l’architecte Trachsell1. » Ce n’est pas le lieu ici d’établir
quelles promesses furent réalisées, quelles espérances furent déçues,
quelles évolutions se firent. « Bernard », disait le porte-parole du
symbolisme, « a une âme de poète et des doigts de peintre. »

Durant ces vingt années d’une vie uniquement occupée par la
passion de l’art, M. Emile Bernard a fourni un labeur immense et
solitaire. Il a réfléchi autant qu’il a produit. Dans de vastes compo-
sitions, il a dressé tour à tour Les images de la vie primitive et les
symboles éternels de l’humanité civilisée. Il a peint aussi des
natures mortes, des paysages, des portraits, des groupes de portraits.
Pour occuper les loisirs de ses travaux les plus importants, il a jeté
sur le papier ou sur la toile des séries d’esquisses qui commentent
aussi bien la poésie d’Arioste que celle de Baudelaire2; et il a
lui-même gravé sur bois, avec une méthode personnelle, son
illustration des Fleurs du Mal. Il a composé des cartons de
tapisseries. 11 a exécuté des tapisseries à l’aiguille selon un point de
son invention. Il a imaginé un autre procédé, très simple, qui
permet d’obtenir des effets de couleur analogues à ceux du vitrail ;
dès 1890, il fit ainsi trois grandes pièces à personnages avec des
morceaux d’étoffes cousus ensemble, la couture jouant le même rôle
que le trait de plomb dans les vitraux. Il s’est attaqué même à
l’architecture: de nombreux projets d’églises, conçus sans le souci
d’une réalisation immédiate, témoignent de son imagination pitto-
resque et mystique. 11 a composé des tentures de toiles peintes,
dessiné des meubles et décoré des portes d’armoires. C’est ainsi que
Thrasymédès, le sculpteur qui fit la statue chryséléphantine
d’Asclépios pour le temple d’Epidaure, ne dédaigna pas de faire

1. Dans la préface du volume où il vient de rassembler des arlicles écrits au
cours de ces vingt dernières années et qui sont des documents d’un grand
intérêt pour l’histoire de la peinture pendant celte période, M. Maurice Denis
donne une liste un peu différente : c’est le petit cénacle des Nabis, lequel, fondé
par M. Paul Sérusier et par M. Maurice Denis lui-même pour appliquer les théories
de Gauguin, groupait autour d’eux « Pierre Bonnard, II.-G. Ibels, René Piot,
Paul Ranson, K.-X. Roussel, Édouard Vuillard » (Maurice Denis, Théories, 1890-
1910 : Du symbolisme et de Gauguin vers un nouvel ordre classique, Paris, Bibl. de
l’Occident, 1912).

2. Ces deux illustrations sont demeurées inédites. On espère cependant que
la seconde sera bientôt offerte au public.
 
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