DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Jamot, Paul: Émile Bernard: artistes contemporains
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Le jour viendra sans doute où le public et la critique, fatigués
à la fois des systèmes et des ébauches, sentiront de nouveau le
besoin d’un art fondé sur la nature et sur la tradition comme d’un
métier qu’il faut avoir appris pour le pratiquer convenablement. Ce
jour-là, rien ne les empêchera plus d’admirer chez M. Emile Ber-
nard, à côté d’une exécution savante et souple, la réunion des
facultés supérieures qui font l’artiste complet, c’est-à-dire le privi-
L E SOMMEIL, PAR M. ÉMILE BERNARD (1911)
lège d’inventer des types et des expressions, l’imagination poé-
tique, le don de la composition et du style. Rappelons-nous com-
bien d’années s’écoulèrent avant que l’œuvre d’Eugène Delacroix
fût vraiment appréciée hors d’une élite. L’entreprise de M. Emile Ber-
nard n’est pas sans présenter quelque analogie avec ce que voulut
et ce que fit Delacroix. Le peintre de la Galerie d’Apollon, long-
temps honni comme un révolutionnaire, fut, nous le savons main-
tenant, un classique. Il voulut renouer avec Ruhens et, par lui, avec
la Renaissance le lien que l’académisme de David et de ses élèves
avait rompu. Les temps ayant changé, aujourd'hui, ou plutôt hier,
l’épithète de révolutionnaire est devenue le suprême éloge. M. Emile
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Le jour viendra sans doute où le public et la critique, fatigués
à la fois des systèmes et des ébauches, sentiront de nouveau le
besoin d’un art fondé sur la nature et sur la tradition comme d’un
métier qu’il faut avoir appris pour le pratiquer convenablement. Ce
jour-là, rien ne les empêchera plus d’admirer chez M. Emile Ber-
nard, à côté d’une exécution savante et souple, la réunion des
facultés supérieures qui font l’artiste complet, c’est-à-dire le privi-
L E SOMMEIL, PAR M. ÉMILE BERNARD (1911)
lège d’inventer des types et des expressions, l’imagination poé-
tique, le don de la composition et du style. Rappelons-nous com-
bien d’années s’écoulèrent avant que l’œuvre d’Eugène Delacroix
fût vraiment appréciée hors d’une élite. L’entreprise de M. Emile Ber-
nard n’est pas sans présenter quelque analogie avec ce que voulut
et ce que fit Delacroix. Le peintre de la Galerie d’Apollon, long-
temps honni comme un révolutionnaire, fut, nous le savons main-
tenant, un classique. Il voulut renouer avec Ruhens et, par lui, avec
la Renaissance le lien que l’académisme de David et de ses élèves
avait rompu. Les temps ayant changé, aujourd'hui, ou plutôt hier,
l’épithète de révolutionnaire est devenue le suprême éloge. M. Emile