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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 5
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Rosenthal, Léon: Les Salons de 1912, [4], Le salon d'automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0445

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418

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Un premier fait matériel s’impose : la production est plus intense
que jamais; elle croît d’année en année et on ne peut lui assigner
ni lui prévoir une limite. Les talents, d’ailleurs, sont aussi nombreux
qu’à aucune autre époque et des œuvres sont produites que la pos-
térité jugera, sans doute, aussi dignes que leurs devancières d’admi-
ration ou d’étude. L’empressement que mettent les étrangers, issus
de toutes les nations, à venir travailler et à se faire connaître chez
nous témoigne que la France n’a pas perdu son prestige artistique
mondial.

D’autre pari, il est vrai, notre art semble traverser une période
de gestation. Cette crise, dont sortiront des floraisons nouvelles, se
traduit par une impression de malaise ou de désarroi, sensible sur-
tout pour la peinture. Elle est d’autant plus intense qu’un trop
grand nombre d’artistes se contentent de formules apprises, soit
qu’ils les tiennent d’une longue tradition, soit qu’ils bénéficient
d’acquisitions récentes, et que le public privé d’éducation esthé-
tique et dépourvu de discernement les encourage dans leur inertie.
Les esprits novateurs, sans appui parmi leurs aînés, peu compris par
la foule, poursuivent leurs recherches avec une ardeur qui paraît,
parfois, mal réglée. A la somnolence des Salons des Artistes fran-
çois et de la Société Nationale s’oppose la vie trépidante des Indé-
pendants et du Salon d’Automne.

A travers les exagérations les plus aventureuses, nous avons
reconnu, au reste, qu'il existait entre tons les révolutionnaires des
liens certains. Des instincts de construction, d’équilibre, une recru-
descence de l’esprit classique nous sont apparus les éléments direc-
teurs qui les guident vers une étape nouvelle, qui, à bien des
égards, prendra le caractère d’une réaction.

Par l’exemple de la sculpture, dont l’évolution est, semble-t-il,
plus avancée, on peut inférer que l’art nouveau, procédant par sim-
plifications hardies, sera robuste plus que raffiné et aura un caractère
synthétique. Par son esprit logique, il se reliera peut-être davan-
tage que ne le firent le Romantisme et l’impressionnisme aux ten-
dances essentielles du génie français. Ce retour à la tradition fait
augurer que l’architecture retardataire et Part social désorienté
sauront s’appuyer sur des bases rationnelles et étayer librement la
pensée affranchie du xxe siècle sur le trésor du passé.

L’ardeur de la lutte a fait passer au premier plan les recherches
techniques; les novateurs méditent sur les équilibres et les volumes
et paraissent se désintéresser du contenu même de l’art. Une sem-
 
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