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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

DOI issue:
Nr. 5
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Rosenthal, Léon: Les Salons de 1912, [4], Le salon d'automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0446

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LES SALONS DE 1912

419

blable altitude ne saurait être que provisoire. L’épanouissement de
la démocratie, le développement progressif de la vie collective
seraient funestes à l’art s’il se réduisait à un jeu de pure virtuosité.
Ces mêmes progrès, au contraire, en appelant tous les êtres à la
vie de l’esprit qui est la vie véritable, élargiront à l’infini l’auditoire
des artistes et permettront à ceux-ci d’accomplir la plénitude de
leur mission s’ils veulent bien se souvenir qu’ils font partie de la
cité. On entend bien qu'il ne leur est pas demandé, ici, de se mêler
aux luttes et de prendre position entre les partis, encore que la
polémique et la satire puissent se faire épiques et que le grand art
ne s’indigne ni de Goya ni de Daumier. On désire simplement qu’ils
appliquent leur technique à traduire les conceptions d’un cœur large
et d’un esprit généreux. « La patrie», écrivait Roland à David le
17 octobre 1792, « a droit d’exiger de grandes choses de vous, parce
qu’elle les peut espérer et que tout citoyen lui doit en raison de ses
talents. » Nous est-il interdit de formuler à nos contemporains une
requête semblable? Est-ce les diminuer? N’est-ce pas, bien plutôt,
les exalter que de leur proposer d’être à la fois des artistes et des
hommes, de participer à nos joies et à nos souffrances, de nous
montrer la grandeur du réel et la noblesse de l’idéal et de répandre
sur nous le rayonnement béni de la Beauté?

LÉON R O S E N T HA L
 
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