Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 8.1912)

MARGUERITE GÉRARD

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compromettre dans la recherche de sujets incompatibles avec la
vertu '.

Mlle Gérard, il est vrai, n’était pas sans avoir pris un modèle. Elle
l’avait rencontré dans l’art délicat qui florissait un siècle auparavant
dans les Pays-Bas. De fait, les petits maîtres hollandais absorbent
quelque temps ses soins. Elle leur emprunte la finesse de touche,
l'assortiment de tons, la sobriété de composition, toutes choses

LE PREMIER PAS DE L'ENFANCE, PAR FRAGONARD RT MARGUERITE GÉRARD

GRAVÉ PAR VIDAL

flatteuses à l’oeil et plaisantes à l’esprit. Elle les copie et les étudie
jusqu’au moment où, se sentant plus habile, elle traduit ses impres-
sions. Mais que de détails, que d’ajustements elle se rappelle ! Le
bariolage des tapis de Turquie, les tentures lourdes et sombres,
l’éclat assourdi des ors et des bois précieux, le brillant d’une pièce
d’argenterie placée sur une crédence. C’est encore les reliefs d’une
collation, fruits et laitage groupés adroitement, ou bien le bouquet
de fleurs disposé à dessein pour glorifier, d’une façon discrète, la
magnificence de la terre nourricière. Et elle n’oublie ni l’écrin d’où

\. Journal des Débals, 30 fructidor an X.